Le dérapage de trop
Par Sonia-Linda S. – Il ne se passe pas un jour sans son lot d’absurdités et de dérives, somme toute insensées, que nous livre ce média du déclin, Al-Magharibia. Après une série d’attaques haineuses dirigées contre la ministre de l’Education nationale, Mme Nouria Benghebrit, notamment sur son projet de réforme structurelle de l’école algérienne, des réformes qualifiées de modèle à suivre par l’ensemble des observateurs au niveau national et international. La nouvelle rodomontade de la chaîne de l’ex-FIS consiste désormais à jouer sur la fibre de la division, en déclenchant une nouvelle campagne malintentionnée contre la personne d’une ministre de la République, en s’ingéniant à lui faire coller l’étiquette de francophile. Le pseudo-journaliste, qui ne retient de ce métier que le nom derrière cette polémique de très mauvais goût, a été, tambour battant, jusqu’à l’associer à la France et l’accusant de vouloir franciser l’école algérienne.
Cela dit, la vantardise insolente du discours de cette chaîne ou du moins de quelques perturbés parmi l’équipe de ce semblant de média, affilié à une mouvance qui ne recule devant rien pour détruire tout ce qui représente modernité, épanouissement et progrès en Algérie, tente, séance tenante, à exploiter une autre carte pour pouvoir mener à terme son projet fataliste en Algérie. Il s’agit de la carte de l’unité nationale, en choisissant de cibler une frange de la société, en l’occurrence les Algériens qui s’expriment ou qui maîtrisent la langue de Molière, les traitant de francophiles et d’enfants de la France.
Cet exalté qui cherche à semer la brouille entre les enfants d’un même peuple oublie que la spécificité de l’Algérie c’est sa diversité, son héritage islamo-berbéro-arabe, et que l’apport considérable de la langue française constitue une richesse intarissable. Il oublie surtout, me semble-t-il, que l’Algérie a enfanté de grands écrivains, qui avaient réussi à produire de grandes œuvres dans la langue de Molière, autour de thématiques purement algériennes, à l’image du monument de la littérature algérienne Kateb Yacine et son œuvre gigantesque «Nedjma». Sans oublier les noms des autres grands maîtres de la littérature algérienne d’expression française, comme Mouloud Mammeri, Mouloud Feraoun, Assia Djebar pour ne citer que ceux-là, des Algériens authentiques qui n’ont à aucun moment versé dans le jeu de la stigmatisation des leurs. Ils avaient plutôt contribué à donner à la culture ses lettres de noblesse. Ils avaient incontestablement réussi à travers leur œuvre à donner à la culture nationale, et les spécificités de la personnalité de l’Algérien, une résonance planétaire. Une mission accomplie aussi avec brio par leurs compères, qui avaient choisi d’innover dans la langue arabe, sans oublier le tamazight, une autre dimension essentielle du patrimoine culturel et civilisationnel de la nation algérienne, que certains tentent de réduire à un horizon restreint, limité à une seule langue ou un seul mode de pensée.
En tout cas, ce pseudo-journaliste, à travers cette sortie, a sciemment choisi de déclarer la guerre à des Algériens dont le seul tort est d’être différents et pensent différemment, par rapport à un arriéré qui n’a vraisemblablement aucune idée de l’essence même de la société algérienne. Une société riche par ses différences, ses contradictions et sa pluralité. Ceci dit, à travers cette attitude débile de s’attaquer notamment à une ministre de la République, en réduisant le projet colossal qu’elle porte à une querelle linguistique et un pays appelé la France, montre clairement qu’il s’agit d’une approche de psychopathe qui pratique l’amalgame en se posant en défenseur de la langue arabe, alors qu’en réalité, cet outsider est en train d’exprimer sans le vouloir des convictions en rapport direct avec l’idéologie arabo-baathiste. Une idéologie à l’origine de tous les maux qui se sont abattus sur les peuples arabes, et que même les islamistes réfutent. Il est tout à fait clair que nous sommes là face à un raisonnement d’une simplicité déconcertante, car on ne peut pas prétendre être un homme de média, avec des idées pourries et toxiques, allant jusqu’à désigner une frange d’Algériens de francophiles.
Peut-on justement appeler cet enchaînement de dérives somme toute sectaires, qui puent le régionalisme et le communautarisme, émanant d’un énergumène, qui par les plus grands des hasards a atterri dans ce monde des êtres pensants et intelligents, de scandale ? Le mot scandale ne suffit pas pour cerner une telle niaiserie, ce manipulateur qui se permet de stigmatiser et proférer des insultes à l’égard d’Algériens est un pion aux mains d’un groupe de stratèges qui travaille dans le sens de faire passer un projet calqué sur les préceptes d’une mouvance connue pour son approche obscurantiste, dont la finalité est de porter un coup à l’unité des Algériens. Un acquis obtenu grâce aux sacrifices de nos valeureux martyrs, qui avaient choisi de mourir pour l’indépendance et l’unité nationale. J’invite donc cet inculte à lire et relire la grande œuvre de Kateb Yacine, «Nedjma», pour se faire une idée de la beauté et du pouvoir des mots, quel qu’en soit la langue, qui de prime abord constitue un simple outil pour véhiculer le vécu d’un peuple, sa culture, ses traditions et son génie, Kateb Yacine a effectivement réussi à transmettre tout cela au monde entier, dans la langue de Molière. Quoi qu’il en soit, toute approche qui joue le jeu de la discorde ne peut en aucun cas être excusée, elle devrait être dénoncée avec force, voire même combattue, surtout quand elle émane de cette catégorie de pseudo-journalistes à la pelle, disponibles à la demi-solde.
Cela étant dit, ce énième dérapage de la chaîne de l’ex-FIS devrait indéniablement marquer le point d’arrêt d’un glissement continu, qui pourrait éventuellement banaliser un discours de malversation, de haine et d’aversion, colporter de surcroît par le biais d’un média qui ne sert ni l’esprit d’ouverture sur l’autre et encore moins le pluralisme des idées et l’esprit du dialogue.
De Londres, S.-L. S.
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