Le besoin de la sécurité dans la cité
Par Mohamed Benallal – Au moment où notre société et celle des autres pays se sentent affectées par une série de menaces – et la panoplie des risques ne se limite pas uniquement à la menace terroriste, elle va du risque économique, au risque systémique, financier, environnemental, naturel, culturel en passant par la menace de la récession, du chômage et de l’inflation –, il est intéressant de revenir sur le concept de sécurité, pour en comprendre les tenants et aboutissants et se projeter dans une dynamique positive pour mieux cerner les objectifs définis. La sécurité est une situation de fait qui fait la Une de toutes les gazettes de la planète, elle est devenue une circonstance à la fois particulière et générale portant sur la conjoncture d’un contexte social, économique, environnemental, culturel et politique.
La sécurité est définie comme étant un état où les dangers, quelles que soient leur nature et les conditions sociales, économiques, politiques, culturelles, naturelles et environnementales, peuvent provoquer des dommages, préjudices et nuisances d’ordre physique, psychologique ou matériel. Ces nuisances sont contrôlées de manière à préserver la santé et le bien-être des individus et de la société tout entière. La sécurité représente une ressource indispensable à la vie quotidienne. Elle permet à l’individu et à la société de réaliser ses aspirations dans l’impavidité, la sérénité, l’imperturbabilité et la tranquillité. Plusieurs sens peuvent être donnés à ce concept de sécurité.
Il est certain que chacun, en tant que particulier, groupe d’individus, société et pays, aspire à obtenir par tout moyen un niveau de sécurité optimal tout en créant et surtout en maintenant certaines conditions, et ce, quels que soient le contexte et le milieu de vie considéré à savoir :
– le premier sens de la sécurité : c’est l’absence de tout danger, c’est-à-dire une circonstance dans laquelle «quelqu’un» (ou quelque chose) n’est pas exposé à des évènements critiques ou à des risques (défaillance, accident, détérioration, agression physique, vol, guerre, terrorisme, famine, soif…). C’est également un concept dual au sens où il comprend effectivement l’écartement du danger d’une part, mais aussi contient les mesures nécessaires pour le combattre d’autre part ;
– le second sens de la sécurité : c’est l’état d’esprit d’une personne (ou d’un groupe) qui se sent à l’abri du danger, rassurée, tranquille, en confiance. Cet état d’esprit signifie absence de soucis et toutes autres nuisances, c’est-à-dire une tranquillité d’esprit ;
– le troisième sens de sécurité est un dispositif qui est conçu et mis en place pour empêcher tout déclenchement intempestif d’un mécanisme qui perturbe la société. La sécurité est aussi considérée comme étant l’expression d’une force. Cette force devrait être suffisamment puissante, car elle entend nous mettre à l’abri de tous mauvais événements. La sécurité peut autant représenter un état d’âme (sentiment) qu’une réalité : par exemple, se sentir en sécurité dans un contexte qui nous ne permet pas de nous offrir toutes les assurances de sûreté ou inversement, c’est-à-dire se sentir en insécurité en dépit du dispositif mis en place par soi-même ou par la société de façon générale ;
– le quatrième sens de la sécurité : il est notamment représenté dans la mythologie grecque par «Poséidon» qui incarne à la fois la stabilité de l’océan et la répression potentielle de la nature qui déchaîne tempêtes, tremblements de terre et plus généralement catastrophes naturelles pour imposer ses règles.
Par ailleurs, le concept de la sécurité en général prend en considération d’une part tous les risques liés à une erreur, à une faute, au système (économique, politique, financier, éducatif, culturel, sportif, social…) et, d’autre part, toutes les menaces d’ordre : criminelles, terroristes, politiques, militaires, financières, économiques, environnementales…, soit toutes les actions imputables à l’activité humaine ou le jeu se fait entre le bien et le mal selon la proportion de l’individu, de la société et du contexte. Le risque zéro n’existe pas.
«L’homme est un être raisonnable et comme tel, il reçoit de la science sa nourriture propre et son aliment, mais les frontières de l’entendement humain sont si resserrées qu’on ne peut espérer sur ce point que peu de satisfaction pour l’étendue et pour la sécurité de ses acquisitions.» David Hume.
A l’extrême du particulier, par exemple, il doit bien admettre tout de même que son existence comporte des risques continuels, le particulier devrait maximiser ses chances afin d’épargner ces risques tout en respectant scrupuleusement certaines règles de comportements et de conduites, qui lui semblent pertinentes. Aussi, à l’ultime du général, par exemple, la vie comporte le risque de valeurs, de morales, de conduites …, et par conséquent de prendre toutes les mesures qui permettent de ne pas être confronté aux situations périlleuses qu’il parvient à anticiper. En fonction de ses désirs et plaisirs et de ses préoccupations, il devrait mettre en œuvre dans son petit quotidien un ensemble de dispositions afin d’éliminer, de réduire ou de retarder l’apparition des risques qu’il est censé être capable d’identifier : c’est-à-dire faire de l’animation physique et spirituelle, surveiller l’ alimentation, prendre des médicaments, respecter scrupuleusement les règles de la cité (urbanisme, code de la route, environnement…), éviter les zones à risques, éviter les aventures périlleuses, gérer convenablement ses ressources matérielles, financières et autres. Tous ces éléments qui font le quotidien de tout un chacun permettent de lui donner une soi-disant «espérance augmentée» de succès face aux risques auxquels il est confronté quotidiennement pour tout un chacun.
Il est important de distinguer aussi la sécurité subjective (avec ses aspects psychologiques) de la sécurité objective qui s’intéresse aux causes et aux effets. La prévention ou bien la sécurité passive qui cherche à réduire les risques de survenance de la sécurité active ou protection qui vise à diminuer les conséquences d’un évènement dommageable s’il survient. Par ailleurs, la sécurité nationale représente l’ensemble des moyens (institutions, doctrines, activités et ressources…) de nature civile (politique, diplomatique, économique, juridique…) et de nature militaire mis en œuvre par un Etat pour protéger les personnes et ses intérêts nationaux essentiels, que ce soit en temps de guerre, de crise ou de paix. De même, la sécurité civile a pour but de protéger des populations civiles (personnes morales et personnes physiques), ainsi que leurs biens et activités, contre des risques et des menaces de toute nature, civile ou militaire.
Le concept de la sécurité a comme préalable :
– une paix sociale issue d’un climat de cohésion ;
– un contexte social d’équité et de droit protégeant les droits et libertés, tant au niveau familial, local, national ;
– une prévention et un contrôle des conséquences ou dommages causés par des accidents, des surcoûts ou autres quelle qu’en soit leur nature ;
– le respect des valeurs, de la morale et de l’intégrité physique, matérielle ou psychologique des personnes.
Ces conditions précitées peuvent en général être garanties par des actions se rapportant sur le domaine de l’environnement (physique, social, technologique, politique et économique, organisationnel, informationnelle, etc.) et sur les comportements des individus dans le cadre d’une cité ordonnée soumise aux règles, à la morale et aux valeurs universelles. Cependant, l’incertitude de la vie est représentée par une prise d’un essaim de menaces et devant une société dite «assurantielle» dans un contexte donné, elle ne représente pas une fin en soi.
Renforcer la cohésion sociale
Prendre ses distances par rapport aux menaces est une nécessité sociale, économique et politique, mais comment ignorer les risques qui pèsent sur le lambda dans un contexte lui-même favorable aux germes de l’incertitude. Prendre des risques parfois lorsqu’il s’agit d’avoir à l’avance une base d’éléments qui assurent la quiétude. La sérénité, une attitude positive face aux risques déjà identifiés, c’est une manière de se servir de sa raison. La prise de risque dans le cas contraire est une forme de fuite en avant, c’est une absence de choix, une vision aléatoire, voire même un coup de folie, une façon de faire fi du destin. Nos dirigeants actuels ont la volonté pour les uns d’éliminer toute violence, pour d’autres d’en créer le terrorisme et autres via les embargos économiques.
Les citoyens devront avoir ce mécanisme d’identifier à l’avance toutes les menaces potentielles et seront munis à prévoir une économie de suffisance pour faire face à toute probabilité issue d’une circonstance donnée, c’est-à-dire penser à la protection contre la maladie, prévoir les catastrophes naturelles et la baisse du pouvoir d’achat et bien d’autres exigences. Le contexte actuel oblige également d’être immunisés contre toute menace physique et morale, et l’individu estime qu’il est du ressort de l’Etat de prendre en charge cette sécurité dans le cas du terrorisme. La légitimité de l’Etat moderne et du pouvoir se fondent sur la qualité et la volonté de protéger l’espace public de toute violence, quelle que soit sa nature. Les actes de violence représentent des traumatismes au sein de la société et l’Etat de droit devrait automatiquement répondre par des actions d’élimination du risque avec davantage d’éducation et de respects des règles, et par des actions d’information et de communication afin de restaurer ce fabuleux «sentiment social» de confiance et de sécurité, préalable à la notion de liberté de l’Etat de droit des sociétés modernes.
La sécurité comporte également cette notion d’interaction avec le milieu comme le fait de ne pas se prendre en charge pour combattre la maladie grâce à des médicaments, le risque peut se présenter d’un autre côté, c’est-à-dire de contaminer l’entourage et cette maladie ferait boule de neige (épidémie, pandémie ou endémie). Ce danger personnel pourrait avoir un impact néfaste pour toute la société, idem le fait de ne pas déclarer quelque chose de suspect qui risque de faire du mal à l’ensemble de la cité.Par conséquent, cette sécurité d’ordre personnel devient une préoccupation collective semblable au cas du sida. Ceci est notamment vrai en termes de lutte contre le terrorisme ou encore de sécurité routière ou autre secteur.
«Notre liberté est menacée par le besoin de sécurité et la sécurité elle-même est menacée par le souci obsédant qu’on en a.» Citation.
Pour terminer, il faut reconnaître que l’exercice de notre liberté comporte également des risques qu’il faut assumer pour vivre pleinement, une voiture dans un garage est en sécurité, mais ce n’est pas pour cet objet qu’elle a été construite, rouler en voiture est un danger. Nous avons tous une responsabilité face aux différentes menaces. Il s’agit de savoir les mesurer et le faire avec raison pour éviter une spirale de frayeur qui nous conduit vers une situation de résignation comme, par exemple, la soumission aux forces économiques, financières et commerciales ; la soumission aux forces d’oppression (terrorisme) qui nous suggèrent que nous sommes tous en danger, partout, à n’importe quel moment. Retrouver confiance, voilà la sérénité, la grande assurance et la véritable sécurité, c’est pouvoir faire confiance aux autres, mais c’est aussi montrer aux autres qu’il faut avoir confiance pour ne pas subir, il est question que cette confiance émane aussi du pouvoir public et politique pour assurer la prospérité et la quiétude de la cité et du pays.
La confiance du peuple vis-à-vis de ses gouvernants dans un système de droit d’équité et de justice assure manifestement la sécurité d’existence dans une extrême prospérité. Pour cela, il s’agit de remettre de l’ordre dans le social, de la cohésion, de la coopération et de l’humanité au sein de la cité ordonnée selon des règles, c’est mettre aussi en place un système, un modèle qui fonctionnent selon des normes, des valeurs… dont la balance (justice) devient l’objet de la mesure qui se lance vers un objectif capable de restaurer une zone de confort, de quiétude, de sérénité de sécurité, de liberté, de promouvoir le «vivre ensemble» tout en respectant l’espace privé des individus. La véritable «assurance» reste sans doute de renforcer la cohésion de notre société, et cela devrait en principe commencer par soi-même, dans la rue, dans le bistrot, dans la supérette, dans le souk, chez le commerçant, dans les transports publics, dans notre quartier, dans notre cité.
Alors, Madame l’Ecole, à vous de jouer, et Monsieur le responsable, à vous de faire ce que dit Madame l’Ecole.
M. B.
Comment (9)