Selon des sources internes : le MAK de Ferhat Mehenni au bord de l’implosion
Loin de l’unité de façade qu’ils affichent dans leurs déclarations ou lors des divers meetings populaires, les dirigeants du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) se livrent, en coulisse, à une guerre totale qui risque, à terme, de le mener à l’implosion. Selon des échos qui nous sont parvenus, deux courants se disputent le pouvoir au sein de cette organisation clandestine, qui l’est de moins en moins : l’un, plus radical, reproche à l’actuelle direction sa «modération», son «universalisme» et, surtout, son «manque» de racisme et de sectarisme. Ces «Lepénistes du MAK», comme on les appelle, en référence à Le Pen, cultivent un ethnocentrisme aussi débridé que dangereux. Ce courant est représenté par un noyau de militants très actifs dans les structures régionales et aussi dans les circuits associatifs et les réseaux sociaux.
L’autre aile est incarnée par Bouaziz Aït Chebib qui vient d’être réélu à la tête du MAK par le dernier «congrès», organisé fin février dernier à Aït Zellal, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Présents dans toutes les structures du mouvement, les représentants de la ligne dure n’hésitent pas, d’après nos sources, à s’en prendre publiquement au président du mouvement, Aït Chebib, pour tenter de l’isoler. C’est ainsi que des militants auraient même essayé d’occulter, sciemment, l’interpellation du président du MAK par la police, lors de la vague d’arrestations qui avait ciblé les activistes autonomistes le 28 juillet dernier, dans la ville de Tizi Ouzou. Ces radicaux tentent de faire pression sur le «guide suprême» du mouvement, en l’occurrence Ferhat Mehenni, pour l’amener à recadrer l’orientation politico-idéologique de leur mouvement dans le sens d’une radicalisation accrue qu’ils estiment «légitime» après les démonstrations populaires du 20 avril dernier, où le MAK avait, en effet, réussi à drainer des milliers de manifestants à Béjaïa et Tizi Ouzou.
Président de ce que ce mouvement appelle l’«instance exécutive» ou «gouvernement provisoire», Ferhat Mehenni a en même temps autorité sur le MAK, dont le rôle se limite à maintenir l’agitation et dont la direction est cependant «élue» par un «congrès». Ferhat Mehenni préfère jouer sur ces clivages internes pour maintenir sa suprématie sur cette organisation financée par le Makhzen, tout en privilégiant les discours d’escalade, destinés à une diaspora coupée des réalités sociopolitiques du pays, en amplifiant à souhait la «répression» subie par les partisans de l’autonomie en Algérie. Ainsi, une simple interpellation par les services de sécurité est décrite comme un «emprisonnement» qui provoque immédiatement une levée de bouclier dans les médias encadrés par les partisans de ce mouvement.
Si, pour l’instant, cette guerre intestine s’illustre par des échanges internes que les responsables du MAK tentent de taire par tous les moyens, le conflit peut déborder à tout moment. Comme quoi, ce mouvement séparatiste, qui se proclame anti-algérien, n’échappe pas au syndrome qui affecte la plupart des partis politiques algériens.
B. K.
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