Un journal suisse accuse le diplomate algérien Driss Djazaïri d’être à la solde des Emirats arabes unis
La Tribune de Genève a consacré un article à l’ancien ambassadeur d’Algérie à Washington et auprès de l’ONU dans la capitale helvétique, qui dirige actuellement une organisation contre l’islamophobie en Suisse. Driss Djazaïri est notamment suspecté par le journal genevois d’utiliser cette activité pour couvrir ses accointances avec Dubaï, qui est l’unique financier de cette ONG. Les Suisses reprochent au diplomate algérien le fait d’occuper à la fois la fonction de rapporteur spécial de la Commission des droits de l’Homme (CDH) et de présider aux destinées d’une entité financée par les Emirats arabes unis. Il y a donc conflit d’intérêts, relève l’auteur de l’article. «On s’interroge sur son double statut de rapporteur spécial et de directeur exécutif d’une ONG financée par un seul pays. Il s’agit d’une situation inédite. Formellement, au cours d’une même session du Conseil des droits de l’Homme, Driss Djazaïri pourrait intervenir, tour à tour, comme rapporteur spécial puis comme représentant d’une ONG», note encore le quotidien suisse.
La Tribune de Genève affirme que «l’ONU se refuse à commenter» cette affaire, «renvoyant à un règlement extrêmement flou sur la question». Ce règlement stipule, toujours selon le journal, que les rapporteurs spéciaux «ne peuvent exercer aucune responsabilité de décision dans les instances d’organisations ou entités qui pourraient donner lieu à un conflit d’intérêts avec les responsabilités inhérentes au mandat». Le diplomate algérien rétorque que «cette expression est vague» et que «l’ONU envisage d’ailleurs de clarifier le texte». «En attendant, a ajouté le descendant de l’Emir Abdelkader, il n’existe pas, dans la pratique, d’incompatibilité entre une fonction rémunérée de prise de décision dans une ONG et celle, bénévole, de détenteur de mandat du CDH, ce cumul existant au sein desdites procédures spéciales en dehors de mon cas».
Campagne de dénigrement ou mise en garde contre une allégeance à un Etat du Golfe ? Driss Djazaïri assure, en tout cas, qu’en ce qui concerne le financement du Centre de Genève pour les droits de l’Homme et le dialogue global, «ce n’est pas le gouvernement des Emirats arabes unis» qui s’en charge, mais des «mécènes des milieux d’affaires et du secteur caritatif» issus de cette pétromonarchie. La Tribune de Genève pointe le «train de vie» de cette ONG qui «met à disposition de son directeur une limousine avec chauffeur». Ce qui semble soulever des doutes sur les objectifs réels de cette organisation censée lutter contre les actes antimusulmans en Suisse, estimant que cet étalage «renvoie à des préoccupations très éloignées des droits de l’Homme et de l’islamophobie».
Karim Bouali
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