Le président tunisien limoge un ministre pour avoir critiqué le wahhabisme et les Al-Saoud
Le président Béji Caïd Sebsi a instruit son chef du gouvernement de renvoyer le ministre des Affaires religieuses, Abdeljelil Ben Salem, pour «non-respect des impératifs du travail gouvernemental et ses déclarations ayant porté atteinte aux principes de la diplomatie tunisienne», selon un communiqué officiel. Motif du limogeage : le ministre s’en est pris à la doctrine wahhabite et aux Al-Saoud qu’il a accusés d’être la cause principale de la propagation du terrorisme islamiste. La Tunisie adopte, depuis un certain temps, des positions déroutantes, notamment dans le conflit libyen. Les informations révélées par les médias occidentaux sur la présence d’une base militaire américaine en Tunisie avaient soulevé un tollé général, et le gouvernement tunisien s’était empressé de démentir ce qu’il a qualifié de «purs mensonges». Mais les démentis tunisiens ont été accueillis avec beaucoup de scepticisme.
Empêtrée dans une crise économique et financière grave depuis le renversement de Ben Ali en 2011, la Tunisie s’était, dans un premier temps, tournée vers le Qatar à la faveur de l’avènement des islamistes au pouvoir au lendemain de la chute du régime. Mais Tunis avait réajusté sa politique étrangère en se rapprochant davantage de l’Algérie voisine qui lui a apporté – et continue de lui apporter – une aide multiforme, financière et sécuritaire, notamment, pour sauver le pays de la banqueroute et le soutenir dans sa lutte contre le terrorisme.
Par rapport à la guerre en Libye, la Tunisie n’a eu de cesse de réclamer une «rétribution» de l’Union européenne en contrepartie de quoi elle ouvrait ses frontières aux réfugiés libyens. Mais cette aide, qui se chiffre à 25 milliards d’euros étalés sur plusieurs années, n’a jamais été versée à ce pays dont les dirigeants semblent chercher une alternative pour faire face à une situation intenable.
Le limogeage du ministre des Affaires religieuses répond à ce besoin de gagner les faveurs des pays du Golfe auprès desquels Tunis cherche un soutien financier. La Tunisie a, d’ailleurs, été le premier pays à condamner «avec vigueur» le tir de missile en direction de la Mecque, en réaffirmant son «entière solidarité avec le royaume d’Arabie Saoudite frère» et en assurant qu’elle «se tient aux côtés du royaume pour faire face à toute tentative de nature à porter atteinte à sa souveraineté».
Karim Bouali
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