Le Makhzen effrayé par la montée en puissance de la force maritime sahraouie
Devant la démission de la communauté internationale et le refus du Maroc de se conformer à la légalité internationale, le Front Polisario compte se prendre en main et défendre lui-même ses intérêts. Son premier objectif : arrêter le pillage des ressources naturelles des Sahraouis. Malgré les pressions internationales, les leaders du mouvement de libération sont ainsi bien décidés à rester à Guergarate, localité faisant partie des territoires sahraouis libérés et occupée récemment par l’armée marocaine, en violation de l’accord de cessez-le-feu de 1991. Mieux, ils ont décidé récemment de renforcer leur présence militaire afin de dissuader le Maroc d’y remettre les pieds. Mais ce qui inquiète Rabat, ce n’est pas tant que le Front Polisario ait décidé de rester à Guergarate. Sa grande inquiétude provient du fait que les troupes de l’Armée populaire de libération sahraouie (APLS) aient pris la résolution également de rendre inviolable la portion de façade maritime à laquelle elles ont accès. Le Makhzen a été en effet pris d’une véritable panique lorsqu’il a appris que les forces armées du Front Polisario avaient récemment acquis 5 patrouilleurs. Guergarate offre une base idéale à l’APLS pour le lancement d’opérations dans les eaux territoriales du Sahara Occidental.
Les Marocains craignent particulièrement que le Front Polisario ait mis dans sa ligne de mire les chalutiers de l’Union européenne ou autres qui continuent à pêcher au Sahara Occidental occupé, en violation de la dernière décision de la Cour européenne de justice, qui indique clairement que l’accord de pêche conclu en juillet 2014 entre le Maroc et Bruxelles ne s’applique pas au Sahara Occidental. En d’autres termes, le Maroc a peur de se voir priver d’une mamelle importante.
La montée en puissance de l’armée sahraouie dans la région cause des nuits blanches à Mohammed VI, qui espérait qu’après l’abandon de son armée coloniale de Guergarate, les unités de l’APLS allaient en faire de même. Tout laisse penser donc que le Front Polisario fera tout ce qui est en son pouvoir pour protéger ses ressources et faire respecter sur le terrain la décision de la Cour européenne de justice.
Au lendemain du verdict de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) du 21 décembre, l’avocat du Polisario, le Français Gilles Devers, avait adressé des courriers aux entreprises européennes installées au Sahara, les incitant à respecter le verdict de la Cour européenne. Gilles Devers avait fait savoir que ces entreprises n’ont d’autre choix que de se plier à la loi, et ce, «en négociant avec le Front Polisario ou en quittant le Sahara». Le message était clair. Mais, visiblement, certaines entreprises ne l’ont pas pris au sérieux.
Le Maroc – qui a tout fait pour faire monter la tension dans la région à son zénith en expulsant la composante civile de la Minurso (ses membres n’ont toujours pas repris leurs postes) et en envahissant militairement Guergarate – accuse, comme à son habitude, l’Algérie de pousser le Front Polisario à la confrontation, en avançant des thèses aussi saugrenues les unes que les autres. Il n’a pas encore compris que les Sahraouis sont las de ses tergiversations et qu’ils sont désormais prêts à tous les sacrifices pour arracher leur droit à vivre libres. Quoi qu’ils fassent, ils ont le droit de leur côté.
Khider Cherif
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