Al-Béchir : «L’Egypte est en train de voler notre territoire»
Le président soudanais, Omar Al-Béchir, s’est distingué aujourd’hui par une déclaration au vitriol contre son homologue égyptien, Abdelfattah Al-Sissi, dont il accuse le pays d’occuper une portion du territoire soudanais.
Dans sa déclaration faite à la télévision soudanaise, il a également critiqué longuement les médias publics et privés égyptiens auxquels il reproche de mener une campagne sournoise contre le Soudan et son peuple. Malgré les lourds contentieux qui opposent Le Caire et Khartoum, Omar Al-Béchir fait savoir qu’il préfère éviter la confrontation car, a-t-il dit, «les relations égypto-soudanaises et les liens historiques sont très forts». «L’Egypte tout autant que le Soudan sont ciblés. Toute fissure dans les relations entre les deux pays serait dommageable pour eux et ferait le jeu des ennemis de la nation», a-t-il prévenu.
Par la même occasion, le président soudais dont le pays est en train de normaliser ses relations avec Washington a démenti les rumeurs évoquant l’installation d’une base américaine au Soudan. Il a cependant profité de l’opportunité pour saluer la levée des sanctions américaines sur son pays, notant que le renseignement américain a demandé à ce que le Soudan soit retiré de la liste noire américaine des Etats soutenant le terrorisme.
Omar Al-Béchir avait déjà haussé le ton, en février dernier, à l’égard de l’Egypte à cause précisément du contentieux territorial sur le triangle de Halaïb. Il avait menacé lors d’un entretien télévisé de porter l’affaire devant l’ONU tout en accusant l’Egypte de soutenir des opposants soudanais. «Halaïb est soudanais et nous ne ferons pas de concessions» au sujet de ce territoire de 20 000 km2 situé sur la mer Rouge et administré par l’Egypte, avait déclaré Omar Al-Béchir. Khartoum portera l’affaire devant «le Conseil de sécurité de l’ONU» si l’Egypte «refuse (un règlement) par la négociation», avait-il menacé.
La dispute au sujet du triangle de Halaïb avait resurgi en 1991 après une détérioration des relations entre Khartoum et Le Caire, qui accusait alors le gouvernement islamiste soudanais de soutenir des intégristes égyptiens armés. Depuis, ce territoire n’a cessé d’être le théâtre de violents accrochages entre les deux pays.
Sadek Sahraoui
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