Il a eu le dessus sur le printemps arabe en Algérie : Sellal emporté par la crise pétrolière
Contre toute attente, Abdelmalek Sellal vient de remettre sa démission au président Bouteflika. L’homme qui a eu à diriger quatre gouvernements successifs depuis sa désignation à ce poste par le chef de l’Etat, le 3 septembre 2012, était donné pour restant par nombre d’observateurs avertis. L’ex-Premier ministre du 3 septembre 2012 au 13 mars 2014 puis du 29 avril 2014 au 24 mai 2017, en politique depuis 1975, a été successivement ministre de l’Intérieur de 1998 à 1999, ministre des Transports de 2002 à 2004 et ministre des Ressources en eau de 2004 à 2009 puis de 2009 à 2012.
Nommé Premier ministre pour la première fois le 3 septembre 2012 à la suite de la démission d’Ahmed Ouyahia, Abdelmalek Sellal avait pour défi d’assurer la stabilité sociale au lendemain du printemps arabe et de débarrasser l’économie algérienne de sa dépendance aux hydrocarbures.
Nommé directeur de campagne d’Abdelaziz Bouteflika, candidat à sa réélection pour l’élection présidentielle algérienne de 2014, Sellal est de nouveau reconduit au poste de Premier ministre. Lors de ce deuxième gouvernement, Sellal est reçu à la Maison-Blanche en compagnie de son épouse par le couple Obama, le 5 août 2014.
Lors de ce second gouvernement, Sellal fera face, en janvier 2015, aux contestations sociales des populations du sud de l’Algérie concernant l’exploitation du gaz de schiste dans leur région. Abdelmalek Sellal déclare que la production de gaz de schiste n’est pas sur la feuille de route du gouvernement, que les ressources en eau du pays sont plus importantes que ces ressources en gaz. Il concrétisera l’accord de partenariat stratégique global signé entre l’Algérie et la Chine en mai 2014 par la signature à Pékin de quinze protocoles d’accord de coopération. De même qu’il a relancé avec son homologue italien, Matteo Renzi, le 28 mai 2015, la construction de Galsi, un gazoduc reliant directement l’Algérie à l’Italie.
Abdelmalek Sellal quitte la chefferie du gouvernement, laissant derrière lui une forte impression d’un homme qui avait beaucoup d’esprit, et dont le discours était toujours conçu pour titiller la fibre patriotique des Algériens.
Cette année, et face à la persistance de la crise pétrolière, le gouvernement Sellal mettra en œuvre le nouveau modèle de développement censé détacher l’économie nationale de la dépendance par rapport aux hydrocarbures. Mais ce modèle tarde à trouver preneur en raison de la persistance des vieux réflexes liés à la rente.
Dans cet ordre d’idée, il convient de souligner que Sellal s’est distingué récemment par un bras de fer engagé avec son ministre de l’Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, au sujet de la multiplication de projets de cimenteries en Algérie. On a, en effet, beaucoup spéculé sur la solidarité gouvernementale, déjà à l’époque du gouvernement Ouyahia et le fait s’est accentué sous Abdelmalek Sellal, qualifié par d’aucuns d’homme mou, alors qu’il est plus légitime de penser que les interférences dans l’action du gouvernement n’ont jamais été aussi nombreuses que durant ces dernières années.
Ramdane Yacine
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