Limogeage du ministre du Tourisme : les enquêtes d’habilitation ignorées ?
Nommé jeudi, Messaoud Benagoun vient d’entrer dans le Guinness des ministres qui ont le moins duré – 48 heures – dans un poste ministériel. Erreur de casting ? Peut-être. Tête de liste du Mouvement populaire algérien (MPA) à Batna où il n’a gagné aucun siège, Messaoud Benagoun, actif dans les milieux estudiantins, ne semble avoir aucune qualification pour assumer ce poste.
Occupant une chambre à l’université de Dely Ibrahim, Messaoud Benagoun avait pris ses fonctions vendredi en remplacement d’Abdelwahab Nouri. Né en 1982, le désormais ex-nouveau ministre du Tourisme et de l’Artisanat était considéré comme le plus jeune du gouvernement Tebboune.
Le communiqué de la Présidence n’a pas précisé la raison pour laquelle Messaoud Benagoun a été démis de ses fonctions. Mais selon un journal proche de la présidence de la République, la décision de son limogeage a été prise suite à «des rapports accablants» sur sa personne et sur son parcours politique. La présidence de la République lui aurait reproché son implication dans l’affrontement entre Benflis et les redresseurs du FLN en 2003 et 2004 ainsi que son «comportement menaçant au sein de la cité universitaire de jeunes filles de Dely Ibrahim».
Quoi qu’il en soit, ce limogeage pose le problème des enquêtes d’habilitation qui précèdent systématiquement les nominations aux hautes fonctions de l’Etat. Ces enquêtes, qui avaient été dénoncées il y a quelques années suite à leur détournement de leur vocation originelle à des fins politiques, prouvent également leurs limites dans la mesure où des personnes occupant des fonctions de haut rang dans les rouages de l’Etat sont souvent citées dans des affaires de justice.
Plus grave, l’immixtion de l’argent sale dans les législatives depuis quelques années a achevé de discréditer ces enquêtes, qui semblent ne servir à rien tant il est de notoriété publique que des sièges au Parlement avaient été achetés à coup de milliards lors des précédentes élections. Des pratiques mafieuses qui n’ont pas empêché des affairistes véreux d’occuper encore le palais Zighoud-Youcef bien que leur profil et leur parcours soient controversés.
Hani Abdi et Karim B.
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