Piètres mises en scène
Par Meriem Sassi – En attendant le signal de départ pour la course à la présidentielle, une multitude de candidats se mettent en ligne. Il y a ceux qui ne se défendraient même pas de faire de la figuration, en prélude à la levée de rideau – les rituels étant connus et les codes convenus –, et ceux qui, par comités de soutien interposés, à défaut de base populaire, se sont déjà glissés dans l’habit si convoité de l’homme providentiel. Au lieu de créer de l’espoir, tous les protagonistes, modestes ou ambitieux, déclarés ou surjouant le suspense, créent malheureusement une grossière illusion. Face à une population qui a soif de changement et de véritable décantation politique et d’ouverture démocratique, se rejouent inlassablement, à grand renfort de promotion et d’agitation politicienne, de piètres mises en scène annonçant en définitive un remake de «retour vers le futur». Comment peut-il en être autrement avec l’affiche que l’on nous annonce ces jours-ci ? Entre les nouveaux anciens candidats, les perdants qui veulent prendre leur revanche et les jeunes prétendants ayant connu trois mandats de Bouteflika sans prendre une ride, la crédibilité de la campagne qui s’annonce est largement entamée. L’Algérie et son peuple tant de fois malmené, mais toujours vaillant, méritent mieux ; beaucoup mieux. Jusqu’à quand vont durer ces mascarades et autres chantages au sein de cercles d’initiés, pour le partage de la rente et des privilèges ? L’aspiration du peuple est à la dignité avant tout – il l’a prouvé à maintes reprises – et pas seulement au sachet de lait et au pain subventionnés. La pseudo-classe politique devrait le comprendre et passer enfin la main. Le temps presse : les dangers qui guettent le pays de toutes parts, dans une région bouleversée depuis le «printemps arabe», les cartes géopolitiques qui se redessinent au détriment des plus vulnérables et les sérieux dangers sécuritaires à nos frontières sont autant de coups de semonce. Que faut-il de plus pour réveiller de son coma éthylique tout ce personnel politique, recyclé et sans ancrage, enivré par le pouvoir ?
M. S.
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