Prêchi-prêcha
M. Aït Amara – Ahmed Ouyahia a entamé ses consultations pour la révision de la Constitution en dépit du refus de la majorité des personnalités nationales influentes et des partis politiques, qui ont exprimé leur opposition au quatrième mandat, d’y prendre part. C’est donc avec ses seuls partisans et soutiens que le président Bouteflika s’est résigné à discuter sur la Loi fondamentale de la République. Au rythme où vont les choses, il va de soi que ces consultations, que conduit le directeur de cabinet de la Présidence, aboutiront à la validation définitive de la mouture «proposée» par le président de la République, avec quelques menues retouches qui donneront l’impression d’une approbation de l’avis des invités à ces rencontres purement formelles. Persévérant dans sa logique de pouvoir sans partage et s’accommodant volontiers des gesticulations d’une opposition sans base populaire qui créent l’illusion d’une démocratie effective, Abdelaziz Bouteflika substitue à ses adversaires d’aujourd’hui les ennemis de la République d’hier, appelés à la rescousse pour sauver un ersatz de dialogue national pour la confection d’une nouvelle Constitution qui, en tout état de cause, ne survivra pas au système en place. Les efforts que va devoir déployer l’ancien chef de gouvernement pour mener à terme cette mission illusoire sont moins intellectuels que physiques. Car Ahmed Ouyahia prêchera des convaincus avec lesquels il échangera des salamalecs, des congratulations et des remerciements à M. le Président «pour tout ce qu’il fait pour le pays», le tout saupoudré d’un prêchi-prêcha sur tout l’intérêt que portent ces discuteurs au bonheur des Algériens. A la fin de ces rencontres qui n’auront intéressé que leurs initiateurs et ceux qui y auront pris part, le président de la République sollicitera l’avis de ses électeurs – très peu nombreux – dont seule une partie acceptera de se prêter encore au jeu de l’isoloir. D’élection en référendum, à force de persister à faire croire au peuple que sa voix compte dans le processus de prise de décision, le pouvoir en place hypothèque ses chances de gagner en crédibilité et asseoir sa légitimité au crépuscule de son règne. Les chiffres des participations aux élections, qui suivent une courbe descendante vertigineuse depuis l’avènement de Bouteflika au pouvoir en 1999, en sont la preuve irréfutable.
M. A.-A.
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