Un sujet du roi à Saint-Cyr
Par M. Aït Amara – La grande Ecole de guerre de Saint-Cyr, en France, se mue en tribune de propagande pro-marocaine. Faut-il s’en étonner ? Non. Parce que, tout simplement, le Maroc confirme chaque jour que Dieu fait qu’il ne s’est jamais affranchi du colonialisme français et que son territoire est, depuis la nuit des temps, un département semi-autonome qui jouit de la seule liberté pour le seul roi de disposer de toutes ses richesses en contrepartie d’un maintien du royaume sous le giron de l’Elysée. Cette grande Ecole de guerre, donc, a vu un académicien marocain, Saïd Haddad, étaler sa science sur l’armée de son pays, qu’il a gavée de superlatifs et auréolée de gloire : c’est la «plus professionnalisée» et la «plus dépolitisée». Non contents de faire la réclame des forces armées marocaines, en occultant son occupation illégale de territoires sahraouis entiers dont elles terrorisent et torturent les populations, les chefs militaires français qui dirigent cette institution pluricentenaire de renommée mondiale – en matière d’enseignement théorique, bien-sûr –, laissent un conférencier, sujet du roi, s’enliser dans les contradictions, au cœur d’une académie où le savoir militaire doit être aussi précis qu’une arme pointée sur une cible. Armée marocaine dépolitisée, donc, mais dont «les principaux objectifs sont la protection de la monarchie et du Sahara». Le Marocain Saïd Haddad fait précéder le point qui indique la fin de son absurdité par ce compliment versifié : «Bien loin de la politique». Et de préciser, au cas où son propos encenseur serait compris à l'envers, ce qui lui vaudrait les foudres du Makhzen – à l’éternité duquel il est instinctivement attaché –, que «le roi reste le chef politique de l’armée via son rang de chef suprême des armées». Le conférencier marocain ajoute à cette dernière un troisième rôle ; celui de lutter contre les groupes terroristes – notez la byzantine subtilité ! – «qui sont installés non loin du Maroc». L’assistance, composée de futurs officiers, n’a pas dû avoir trop de mal à suivre son regard pointé vers l’Algérie. Faut-il reprocher à un baisemain courbé de louanger ses «Sidi» ou à une Ecole de guerre légendaire de s’abaisser à un tel niveau de crétinisme et de servilité ?
M. A.-A.
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