Le FCE résiduel
Par Kamel Moulfi – Dans le monde du patronat, la plus élémentaire des sincérités pousse à reconnaître que le Forum des chefs d’entreprises (FCE) a été enterré par Réda Hamiani lorsqu'il a décidé de «politiser» cette organisation en l'alignant de force sur un candidat lors de la dernière présidentielle, signant ainsi son arrêt de mort en tant qu'organisation éminemment économique. Le FCE, transformé en caisse de résonance pour le pouvoir en place par le président partant, sera définitivement amarré au «système» avec un Haddad à sa tête et un Benamor à ses côtés, deux «hommes d'affaires» qui n'auraient pas connu une telle «réussite» s'ils ne s'étaient pas agrippés aux parois d'El-Mouradia. Les démissions fracassantes de Slim Othmani et Issad Rebrab, puis la décision prise par Réda Hamiani d’écourter son mandat à la tête du FCE et au final Ali Haddad qui surgit pour prendre la présidence de cette organisation patronale, tout cela ressemble à un scénario préparé à l’avance, même si telle n’était pas l’intention de tous ces protagonistes de la bataille du FCE. D’ailleurs, ceux qui s’intéressent à la cuisine interne de cette organisation s’interrogent sur l’utilité de la campagne menée par le candidat unique. Il faut se rappeler que du temps du parti unique, les apparences étaient soignées grâce à la «double candidature», toute formelle, qui avait cours lors des élections de ce type, et cela a continué ensuite avec la présence des «lièvres» dont la fonction est de meubler le décor dans des élections aux résultats connus d’avance. Les différents épisodes du feuilleton FCE semblent avoir été agencés pour servir les intérêts de ce que les commentateurs désignaient par «clan présidentiel», et qu’il est plus indiqué maintenant d’appeler tout simplement «le système». La velléité d’éloigner le FCE du terrain politique et de lui éviter de prendre position dans les élections présidentielles à venir, en modifiant son règlement intérieur, est oubliée. Cette démarche sera bientôt inutile : dès le 27 novembre, le FCE sera ouvertement au service du système. Les patrons qui sont prédisposés à l’opportunisme, et ils sont plus nombreux qu’on ne le pense, n’y voient que des avantages. Quant aux autres, plus courageux, ils ont déjà choisi de quitter le bateau. La «compensation» se fera par l’apport de dirigeants d’entreprises publiques, qui seront sans doute «incités» à adhérer au FCE. Pour l’heure, il n’y a de place, dans le pays, que pour les organisations sociales et professionnelles «institutionnelles», celles qui soutiennent le pouvoir et ses candidats.
K. M.
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