Dites-nous comment ?
Par Kamel Moulfi – «L'Algérie traversera sans difficultés majeures les perturbations du marché international des hydrocarbures.» C’est Bouteflika qui l’assure, nous apprend l’agence officielle APS. Il faut chercher à l’aide d’une très forte loupe, dans le contexte actuel, ce qui justifie cet optimisme. L’année 2014 se termine mal et celle qui vient annonce le pire. Les spécialistes qui le constatent ne sont pas tous forcément des Cassandre, ils ne cherchent pas à démoraliser le peuple en assombrissant l’avenir. D’ailleurs, les Algériens ne sont pas dupes. Ils appréhendent l’année qui vient et savent qu’ils vont affronter des difficultés auxquelles ils ne sont nullement préparés. C’est encore plus vrai pour les jeunes qui constituent l’écrasante majorité de la population. Habitués à tout attendre de l’Etat et continuellement bercés par les promesses, ils vont être les premiers à subir frontalement le choc le plus fort. On comprend que le pouvoir cherche à rassurer pour ne pas tomber dans un discours alarmiste qui aura l’effet d’une douche écossaise sur la population après la phase du «tout va bien» et du «financement qui ne pose pas problème» pour n’importe quel projet. Exemple significatif : en écho au Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui avait annoncé récemment que les recrutements dans la fonction publique seraient suspendus en 2015 dans tous les secteurs, la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, rectifiait immédiatement le discours officiel en indiquant que le concours de recrutement des enseignants aura lieu comme prévu en mars 2015. Les trois cycles auront les 7 000 enseignants dont ils ont besoin. Ils ne seraient pas concernés par la politique de restrictions que le gouvernement va appliquer pour faire face à la chute des prix du pétrole. Ceux qui disent le contraire propagent des rumeurs, aux dires de la ministre. Une rude bataille de communication, pour ne pas dire de «propagande», attend le gouvernement. Sinon, comment éviter les «difficultés majeures» quand on sait que l’année commencera par des mouvements revendicatifs dans plusieurs secteurs sensibles ? On est curieux de connaître la formule magique qu’utilisera le pouvoir pour compenser la manne pétrolière qui a épargné aux Algériens durant une quinzaine d’années de faire des efforts pour se libérer de la dépendance d’une seule ressource naturelle.
K. M.
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