Gouvernement parallèle ?
Par Kamel Moulfi – Après son élection à la présidence du Forum des chefs d’entreprises (FCE), Ali Haddad, patron de l’ETRHB, n’est pas allé par trente-six chemins. Il a pris langue directement, dans leurs bureaux, avec les ministres. Une rupture de style par rapport à son prédécesseur qui ne laisse aucun doute sur l’influence qu’il veut exercer sur le gouvernement et, évidemment, sur la politique économique du pays et surtout les décisions qui en découlent. Réda Hamiani s’adressait aux ministres, indirectement, à travers des communiqués signés par le FCE ou des interviews dans la presse et des entretiens à la radio, et il attendait dans son bureau que la réplique lui parvienne par la même voie, c'est-à-dire les médias qui recueillaient les petites phrases des membres du gouvernement, en marge d’une séance au Parlement ou à la faveur d’une sortie sur le terrain. Avec le patron de l’ETRHB, les choses ne se passent pas de la même façon. Il avait annoncé la couleur avant son intronisation à la tête du FCE, comme le rappelle notre article, en ramenant pas moins de dix ministres écouter son discours électoral dans un grand hôtel à Alger. Ensuite, il a été reçu par plusieurs membres du gouvernement qui lui ont ouvert les portes de leur ministère avec une facilité déconcertante. L’ambition de l’homme d’affaires est évidente : contrôler la vie économique du pays et, comme les affaires ne s’embarrassent pas d’éthique, pourquoi ne pas en faire bénéficier son Groupe. La rencontre avec le ministre des Travaux publics est significative à cet égard. Elle a eu pour résultats une commission mixte dans laquelle siégera Ali Haddad et la promesse qu’il sera consulté sur ce que fera le ministère. L’efficacité de la méthode appliquée par le président du FCE est bien résumée dans ce raccourci d’un confrère : «Haddad parle, Ghoul confirme.» Pour la partie économique, du moins, on est bien devant une sorte de gouvernement parallèle. Bouchouareb, ministre de l’Industrie et des Mines, qui rencontre Haddad aujourd’hui, va-t-il le contredire ?
K. M.
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