Erdogan incendie la Turquie
Par Kamel Moulfi – Le régime Erdogan baigne dans le sang des victimes du double attentat terroriste commis contre des manifestants turcs qui s’étaient rassemblés, samedi, à l’appel des syndicats pour protester contre la répression qui frappe le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), dans les régions sud-est de la Turquie. Si la signature des groupes terroristes qui sont déjà à l’œuvre en Syrie – on peut citer sans grand risque de se tromper Daech – est évidente, au vu du mode opératoire et du lourd bilan, la responsabilité du président turc et de son Premier ministre est indéniable dans le carnage provoqué par les deux kamikazes qui se sont fait exploser au milieu de milliers de militants pacifistes. Et s’il n’est pas directement derrière l’attentat – bien que Daech vient de signifier clairement qu’il est aux côtés d’Ankara contre les Kurdes –, le régime d’Erdogan a été incapable de l’empêcher. Le Parti démocratique des peuples (HDP), à l'origine de la manifestation pour la paix, a qualifié ce régime d’«Etat meurtrier qui s'est transformé en mafia», et l’attentat, d’attaque «perpétrée par l'Etat contre sa population». En soumettant sa politique régionale aux intérêts américains, au lieu de s’en tenir au bon voisinage avec la Syrie et, pire, en devenant une plateforme pour les déplacements de terroristes étrangers en route vers ce pays, Erdogan et son régime ont rendu la Turquie vulnérable aux groupes terroristes dont les éléments ont toutes les facilités du monde pour se mouvoir et pour développer leurs activités criminelles. Ceux qui jouent avec le feu n’ignorent pas qu’ils risquent fatalement de se brûler. C’est ce qui est arrivé à Erdogan et aux dirigeants politiques turcs qui le suivent dans cette politique aveugle qui les amène à faire l’amalgame entre Daech, qu’ils épargnent, et les militants kurdes qu’ils répriment sauvagement en poussant le cynisme jusqu’à prendre prétexte de la menace terroriste. Résultat : le régime turc récolte l’attentat le plus meurtrier jamais survenu en Turquie, et à Ankara même, avec, en perspective, une aggravation de la tension qui menace à la fois la stabilité et l’unité de ce pays.
K. M.
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