Crimes et confessions
Par R. Mahmoudi – L'ancien Premier ministre britannique Tony Blair a présenté ses excuses pour «les fausses informations» données par les services de renseignement qui avaient été exploités en 2003 pour justifier l'invasion de l'Irak, tout en reconnaissant que cette invasion est la principale cause de la montée du groupe terroriste autoproclamé «Etat islamique en Irak et en Syrie». Double culpabilité pour laquelle lui et ses alliés américains ont, cependant, toutes les chances de ne pas être poursuivis, grâce à l’impunité dont ils seront assurés pour l’éternité. Blair croit et sait qu’il peut expier tous les crimes passés auxquels il a participé ou qu’il a planifiés avec ses compères, en se contentant de se confesser. «Pardonnez-moi d’avoir contribué, malgré moi, à la destruction de tout un pays, l’Irak, et à la décimation d’une partie de sa population !» C’est à la fois le plaidoyer, le réquisitoire et le verdict dit par une seule et même personne, tout à la fois avocat, procureur et juge. Pour des forfaits bien moins importants et des accusations parfois montées de toutes pièces ou rarement avérées, des dirigeants des pays du Sud, comme c’est le cas du président Omar El-Bachir, sont poursuivis et condamnés par des juridictions internationales. La CJI et le TPI n’ont jamais, à ce jour, daigné interpeller ou émettre un avis sur les vrais criminels de guerre qui ont semé la mort et le chaos ces deux dernières décennies : des Bush père et fils à Nicolas Sarkozy, en passant par Tony Blair, Hillary Clinton et Donald Rumsfeld. Preuve en est qu’aucune des tentatives initiées par des groupes de militants indignés pour ester tel ou tel dirigeant occidental n’a été jugée recevable. A cause de cette impunité dont sont couverts les responsables successifs, il faut toujours craindre, à tout moment, de nouvelles guerres et de nouveaux génocides dans notre région. C’est ce qui fait, par exemple, qu’un criminel de guerre notoire, Nicolas Sarkozy, regrette qu’on n’ait pas actionné le Conseil de sécurité de l’ONU pour autoriser des bombardements contre la Syrie, comme il l’avait fait contre la Libye de Mouammar Kadhafi, en laissant derrière lui des dizaines de milliers de morts et un pays totalement dévasté. Loin de vouloir se confesser, il reproche au contraire à son successeur de n’avoir pas fait montre d’assez d’audace pour poursuivre son œuvre. ET il y a de fortes chances qu’il redevienne président. Une grave menace pèse sur la Méditerranée.
R. M.
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