Novembrilisme
Par R. Mahmoudi – De quel message nouveau ce 61e anniversaire de la Révolution peut-il être porteur pour la génération actuelle, coupée malgré elle de l’histoire de son pays ? Celui d’un «Etat civil» qui se drape d’un néo-parti unique ou celui d’un changement pressant pour sortir de ce messianisme (autrefois, c’était le messalisme) stérile et dangereux ? Si tout le monde – ou presque, car il faut exclure ceux qui refusent de se lever à l’écoute de l’hymne national, à l’image de ce Hamadache – se réclame des valeurs qui ont fondé cette résurrection nationale, c’est généralement par conformisme et, le comble du paradoxe pour une date révolutionnaire, par souci de sauvegarder le statu quo à tout prix. Il y a, malheureusement, des cas plus graves. Après s’en être servi comme fonds de commerce pour se donner une légitimité politique, et au lieu de servir d’exemple pour les générations futures, certains anciens moudjahidine, à l’autonome de leur vie, se fourvoient dans des règlements de compte aussi futiles que pathétiques, avec lesquels ils ne peuvent satisfaire que leur ego. Soixante et un ans après le déclenchement de cette insurrection d’essence universaliste, le débat n’est pas encore sorti des rivalités personnelles, de la mystification et de l’autoglorification – nous l’avons encore vu avec la sortie intempestive d’Amar Benaouda. Rares sont les témoignages qui reflètent réellement cette dimension exceptionnelle de Novembre. Le devoir de mémoire auquel les survivants de la guerre se sont soumis, péniblement et encore avec l’aide des autorités, n’est pas toujours, hélas !, accompagné d’un devoir de vérité. On ne peut pas accuser nos moudjahidine de vouloir falsifier les événements, mais on ne comprend pas leur tendance à s’autocensurer, à fuir la confrontation. D’où cette double frustration chez les jeunes qui n’ont pas eu la chance d’approcher les artisans de l’histoire et n’accordent pas un grand crédit aux nombreux récits qui foisonnent depuis quelques années. Chose qui, malheureusement pour eux, laisse la porte ouverte à toute sorte de propagande et de négationnisme cultivés par les officines étrangères. Et cela ne peut que profiter aux extrémismes et à toutes les idéologies antinationales qui ne cessent de gagner du terrain dans notre pays.
R. M.
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