Incivisme mortel
Par Kamel Moulfi – La route continue d’être une source de danger pour les personnes qui l’empruntent, soit à bord d’un véhicule particulier soit dans un bus de transport de voyageurs. S’agissant du bilan des accidents de la circulation, les semaines se suivent et se ressemblent. Le facteur «mauvais temps» aggrave la situation, comme le prouve le nombre élevé d’accidents (29) enregistrés dans la seule journée d’hier à cause des chutes de pluie. Mais, nous dit-on, c’est le facteur humain qui reste prépondérant.
Que faut-il faire de plus que «durcir les sanctions prévues par le code de la route», selon la formule qui accompagne chaque nouvel amendement apporté à la législation dans ce domaine et voté par l’APN. Appliquer sérieusement la loi, tout simplement. Oui, mais ce n’est pas évident. La culture de l’Etat de droit n’est pas encore bien ancrée dans le pays, d’où l’inefficacité de la loi constatée dans beaucoup de domaines. Le résultat en est le paradoxe effrayant produit par la simultanéité entre l’adoption d’un nouveau code de la route, qui «durcit les sanctions», et la recrudescence des accidents mortels, dont la plupart sont liés au «facteur humain».
Il est évident que le spectre des sanctions agité par les pouvoirs publics ne fait pas peur à l’automobiliste algérien et encore moins, semble-t-il, au chauffeur du bus qui nous transporte sur de longs trajets. Illustration dramatique des conséquences de cet état d’esprit : immédiatement après la promulgation de «la loi (qui) vise principalement à endiguer le phénomène des accidents de la route, qui a atteint un seuil alarmant ces dernières années», un accident de la route survenu dans la wilaya de Tiaret, sur l’axe reliant les communes d’Aïn El-Hadid et de Takhemaret, a fait 8 morts et 24 blessés.
Le laxisme et le laisser-aller ne règnent pas seulement sur les routes, ils ont fini par incruster les actes d’incivisme partout dans la pratique quotidienne d’une catégorie d’Algériens qui, face à l’impunité, pensent que leur comportement antisocial est «normal». Quand cessera l’indulgence à l’égard du «facteur humain» à l’origine de l’incivisme ambiant dans toute la société, la route deviendra plus sûre.
K. M.
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