Le général Moshe Yaalon admet : «Israël soutient le régime des Al-Saoud»
Une première dans l’histoire de la presse arabe, un site d’information à capitaux saoudiens, Elaph, a réalisé une interview en deux parties, à Tel-Aviv, avec l’ancien ministre de la Défense israélien Moshe Yaalon, bourreau des Palestiniens et des Libanais. Un pas qui prélude certainement à d’autres initiatives pour accélérer le processus de normalisation en cours entre la monarchie et l’entité sioniste.
Première question révélatrice : «Y a-t-il possibilité de travail avec l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis ou les autres pays arabes modérés ?» Réponse sans ambages de l’ancien chef d’état-major de l’armée israélienne : «On peut comprendre à travers les non-dits que nos intérêts communs sont trop nombreux mais le problème, c’est qu’ils ne sont pas disposés à collaborer avec nous.» L’ex-ministre israélien exige des relations publiques et assumées avec les pays arabes qui souhaitent s’en rapprocher. A décoder, tous ces pays entretiennent bel et bien des relations secrètes avec Tel-Aviv.
Interrogé sur la crise actuelle avec le Qatar, le général israélien explique qu’il est important pour son pays que le prince héritier saoudien, Muhammad Bin Salman, soit pour longtemps à la tête de la monarchie saoudienne. Il est aussi content que, pour une fois, une alliance arabe combatte sans intermédiaires (au Yémen). Selon lui, le Qatar a toujours constitué un «obstacle» pour cette alliance, à travers sa chaîne Al-Jazeera, ses relations avec la Turquie, les Frères musulmans. «Or, explique-t-il, ces pays veulent constituer un bloc contre l’Iran, les Frères musulmans, la Turquie et les groupes djihadistes, même si eux-mêmes ont financé des organisations».
Dans le même registre, l’ex-ministre israélien a reconnu les aides offertes par l’armée de son pays à des groupes armés activant en Syrie, tout en niant tout contact avec des groupes comme le Front Ennosrah. Il révèle que les Israéliens ont proposé leur collaboration à des «groupes sunnites», à condition que les djihadistes ne les attaquent pas à partir de leurs villages et épargnent les Druze du plateau du Golan.
Sur la question palestinienne, Moshe Yaalon se montre plus méprisant : «Les Arabes ont créé la cause palestinienne pour nous combattre ; aujourd’hui, il n’y a plus de raison à continuer de le faire.» Il se dit content que cette cause ne soit plus parmi les priorités des Arabes. Il révèle que l’Arabie Saoudite n’a pas investi un sou depuis deux ans à Gaza.
L’ex-chef d’état-major israélien fait des révélations aussi intéressantes sur les tiraillements qui déchirent le commandement de l’Autorité palestinienne. Il dit, par exemple, que Le Caire manœuvre pour évincer Mahmoud Abbas et imposer Mohamed Dahlan à sa place. Toutefois, Tel-Aviv y oppose son veto parce que les services de renseignements israéliens, selon lui, ne lui font pas confiance, au vu de ses accointances avec le «noyau des ultras» de l’OLP.
R. Mahmoudi
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