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Un mort dans des heurts avec les milices du roi à Oujda : le début de la fin pour la monarchie ?

Par Karim B. – Les villes du Maroc s’embrasent. Ce qui avait commencé comme une série de manifestations pacifiques contre les dépenses excessives de l’Etat sans aucune utilité pour les Marocains s’est rapidement transformé en un mouvement de révolte d’une ampleur inédite. Des affrontements violents opposent désormais manifestants et forces auxiliaires, ces milices placées sous l’autorité directe du palais royal. Le point d’ébullition a été atteint.

A Oujda, ville de l’est marocain frontalière avec l’Algérie, la tension a franchi un cap dramatique. Selon des sources locales et des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, un manifestant a trouvé la mort dans des circonstances encore floues, mais attribuées à une charge brutale des forces répressives. Les protestataires, loin de se disperser, redoublent d’intensité dans leurs actions. Des fourgons des forces auxiliaires ont été incendiés, tandis que les jets de pierre pleuvent sur les agents lourdement équipés déployés dans les principales artères de la ville.

La mobilisation, d’abord concentrée dans quelques villes, gagne désormais l’ensemble du pays. De Casablanca à Fès, de Marrakech à Tanger, la contestation ne faiblit pas. Elle vise un gouvernement Akhannouch aux ordres d’un palais devenu symbole de déconnexion et d’indifférence. Face à la pression populaire, des voix au sein du régime évoquent déjà la possible dissolution de l’exécutif comme première tentative d’apaisement. Une stratégie qui, selon de nombreux analystes, est vaine, tant le rejet s’étend à l’ensemble du royaume.

Au cœur de la colère : l’annonce de l’investissement de six milliards de dollars pour financer l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2025 et, à plus long terme, la Coupe du monde 2030, co-organisée avec l’Espagne et le Portugal. Un choix perçu comme une provocation dans un pays où les services publics sont en ruine. «C’est une insulte aux morts que compte chaque jour notre système de santé sinistré», déclare une manifestante à Rabat. «On enterre nos enfants faute d’hôpitaux, pendant qu’ils construisent des stades !»

Les critiques se multiplient également sur l’absence de relogement des sinistrés du séisme d’Al-Haouz, deux ans après la catastrophe. Des milliers de familles vivent encore sous des tentes, sans eau ni électricité. L’éducation publique, elle, est dénoncée comme une fabrique d’illettrés, incapable d’offrir un avenir à la jeunesse. Un chiffre glaçant illustre la détresse. Près d’un Marocain sur deux souffre de troubles psychiques, selon plusieurs études évoquées dans les médias nationaux.

Dans les coulisses du palais, des indiscrétions font état d’un climat de panique. Le roi Mohammed VI, souvent absent du territoire, est sous forte pression. Des sources bien informées affirment que la crainte d’un scénario à la roumaine, à l’image de la chute brutale du couple Ceausescu en 1989, hante désormais les couloirs du pouvoir.

Enfin, sur le plan international, les conséquences s’annoncent lourdes. Des discussions seraient en cours sur un possible retrait au Maroc de l’organisation de la Coupe du monde 2030. Quant à la CAN prévue dans deux mois, sa tenue est de plus en plus incertaine, si la situation venait à s’aggraver.

Le Maroc vit un moment charnière. Pour beaucoup, ce n’est plus seulement une révolte sociale, mais bien une révolution en gestation.

K. B.

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