Elections locales : des partis dénoncent une loi antidémocratique
Par Hani Abdi – Plusieurs partis politiques sont excédés par les nombreux rejets de listes de candidatures aux élections locales du 23 novembre prochain. Et ils le font savoir à travers des déclarations ou des communiqués de presse. Du RCD au FFS en passant par Talaie El-Houriyet, les partis dénoncent la dictature de l’administration, qui travaille, selon eux, «uniquement pour les deux partis au pouvoir», à savoir le FLN et le RND.
Les rejets, affirment les représentants de ces formations politiques, n’ont aucun fondement juridique. Car, ces partis assurent que les conditions de validation d’un dossier de candidature telles que définies par les articles 78 et 79 sont satisfaites par les candidatures. Ces rejets sont allés jusqu’à priver des partis politiques, comme celui d’Ali Benflis, d’avoir des listes de candidatures dans, entre autres, la wilaya de Tipasa.
Le Parti socialiste des travailleurs (PST) pointe du doigt la loi organique relative à l’organisation des élections. Une loi qu’il qualifie d’antidémocratique en ce sens qu’elle impose le parrainage par des signatures aux partis politiques. Pour cette formation et d’autres, la justice a cédé aux injonctions de l’administration en confirmant le rejet de plusieurs candidatures. Les dossiers de candidatures ont été rejetés en se basant sur les articles 79 et 78 qui définissent les pièces du dossier de candidature, à savoir le casier vierge, la nationalité, la carte militaire et l’inscription sur le fichier électoral.
Plusieurs partis de l’opposition assurent que leurs candidats remplissent toutes ces exigences légales. Le PST affirme qu’à Béjaïa, le juge n’a présenté aucun document à la partie civile, mais il s’est référé verbalement à un rapport des services de sécurité : la loi ne prévoit pas une enquête préalable en vue de l’acceptation d’une candidature. «Ce n’est pas à l’administration de choisir les candidats ! Le juge a ignoré la Constitution de 2016 et s’est appuyé sur une loi datant de 1983 : époque du parti unique !», dénonce cette formation politique, qui estime que la majorité des candidatures rejetées visent les militants du mouvement social à Chemini, Tazmalt et ailleurs. «Si le wali considère notre camarade Chaâbane Benani et les autres candidatures comme pouvant porter atteinte à l’ordre public, il devrait prendre les mesures à la hauteur de ses accusations. Le camarade Benani, candidat du PST dans la liste APW, est formateur depuis 25 ans aussi bien dans le secondaire qu’au niveau de l’Université Abderrahmane-Mira de Béjaïa, syndicaliste du CLA et militant du mouvement associatif (caritatif, Mouvement du gaz de Chemini)», ajoute le PST, qui appelle l’ensemble des partis politiques, des organisations de la société civile, toutes les militantes et tous les militants à construire une riposte «à la hauteur des atteintes à nos libertés démocratiques».
De son côté, Brahim Bennadji, député indépendant de Béjaïa, exprime son étonnement face à la confirmation par la justice des rejets de l’administration. «Le tribunal administratif de Béjaïa vient de confirmer le rejet des candidatures de certains militants ayant postulé pour les élections communales et de wilaya, à l’exemple du candidat APW du Parti socialiste des travailleurs Chaâbane Benani et de Fatah Redjdal, tête de liste indépendante à Tazmalt, sous prétexte que ces derniers portent atteinte à la sécurité nationale. Or, aucun document précisant le motif exact n’a été présenté suite aux recours introduits par les candidats», dénonce ce militant.
H. A.
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