Gare au dérapage !
Par Kamel Moulfi – La communication institutionnelle, celle de l’Assemblée populaire nationale (APN) en l’occurrence, connaît des ratés qui risquent d’alimenter un nouveau mouvement de contestation en Kabylie. Hier à minuit à Béjaïa, des centaines d’étudiants de la résidence universitaire 17-Octobre sont descendus dans la rue pour protester contre un fait sur lequel le doute plane, faute de clarifications de la part de l’institution concernée, c’est-à-dire l’APN. Car, il s’agit encore du «mystérieux vote à l’APN» où une majorité de députés se seraient opposés, selon la rumeur, à la promotion et à la généralisation de l’enseignement de tamazight. Cela suffit pour justifier la «grande marche» annoncée pour demain contre la «minoration» de la langue amazighe.
En fait, il semble bien que la revendication identitaire – brandie à partir d’un fait non avéré – serve de prétexte pour une manifestation essentiellement politique, puisque les initiateurs de cette action parlent de dénoncer à la fois «la précarisation» de la langue amazighe mais également «les lois antisociales et antipopulaires adoptées récemment par le gouvernement».
Le fort taux d’abstention aux élections locales ajouté au nombre de bulletins nuls et les faibles scores enregistrés par les listes gagnantes dans beaucoup de cas, particulièrement dans les grands centres urbains, sont, de façon globale, une indication probante du recul de l’audience populaire des partis politiques qui se sont engagés dans la course au renouvellement des Assemblées populaires communales et de wilaya. L’électorat a délivré un message qui devrait être entendu, à savoir tenir compte de son mécontentement et de son exaspération qui le rendent vulnérables aux manipulations.
Le ministre de la Jeunesse et des Sports, El-Hadi Ould Ali, a raison d’appeler la population à demeurer «vigilante». Il a également raison de rappeler que le statut de tamazight en tant que langue nationale et officielle se traduit dans l’effort budgétaire qui est consenti en sa faveur. Mais est-ce suffisant comme argument pour empêcher le mouvement de déraper ?
K. M.
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