Pourquoi s’excuser ?
Par M. Aït-Amara – Pourquoi les autorités algériennes se sont-elles senties obligées de présenter leurs plus plates excuses aux Al-Saoud ? Qu’y avait-il de diffamant ou d’insultant dans la banderole déployée par des supporters algériens pour dénoncer les relations «excellentes» qui lient Washington et Riyad ? Les Saoudiens eux-mêmes s’en cachent-ils ?
Sur les réseaux sociaux, des internautes – saoudiens wahhabo-sionistes ou marocains inféodés au Makhzen, peu importe, ce sont deux faces d’une même pièce – diffusent à grande échelle un montage photo traitant les Algériens de «soumis» et leur Président de «paralysé».
L’empressement des responsables politiques algériens à se confondre en excuses auprès des Al-Saoud, au point d’actionner la justice contre les supporters qui ont brandi la banderole, est blâmable à plus d’un titre. Si bien que l’ambassadeur des Al-Saoud à Alger s’est précipité sur son compte Twitter pour annoncer, non sans orgueil, les «regrets» des Algériens d’avoir attenté à son roi.
L’Algérie exigera-t-elle des excuses à son tour ou chantera-t-elle les vertus des relations fraternelles qui lient les deux pays, en minimisant des «disputes passagères futiles» provoquées par des citoyens «irresponsables» qui seront punis pour avoir commis un «crime de lèse-majesté» ?
Si les supporters de Aïn M’lila – qui ont exprimé leur opinion en toute liberté à travers une caricature qui ne comporte aucun contenu outrageant – sont traduits en justice pour ne pas égratigner la sensibilité à fleur de peau des Al-Saoud, les citoyens ont le devoir d’apporter leur soutien – à travers une pétition – à ces compatriotes auxquels les autorités politiques algériennes semblent vouloir appliquer la loi saoudienne qui réprime toute liberté de pensée.
La justice, si elle est saisie du dossier, saura montrer, nous l’espérons, son indépendance, comme elle vient de le faire dans l’affaire des faux diplômes impliquant deux ministres et un magistrat.
M. A.-A.
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