Collusion CIA-Daech : les révélations d’un ex-responsable américain
Par Houari Achouri – Le phénomène de la radicalisation de détenus qui forme des terroristes islamistes de Daech à l’intérieur de prisons dans les pays occidentaux ne fait aucun doute chez les spécialistes et, même dans l’opinion publique, peu de gens sont encore surpris par ce fait avéré.
Aux Etats-Unis, Patrick Dunleavy*, ancien assistant de l’Inspecteur général du l’administration pénitentiaire de l’Etat de New York, a écrit un article publié le 29 décembre 2017 par Investigative Project on Terrorism News, qui montre comment, dans les prisons américaines, des terroristes radicalisent en toute liberté leurs codétenus musulmans. Sa description constitue, implicitement, un véritable acte d’accusation contre les services américains qui utilisent leurs agents secrets pour radicaliser et initier des prisonniers à la manipulation des explosifs. Il affirme que «les administrateurs du Federal Bureau of prisons (BOP) aux Etats-Unis qui dirigent le City’s Metropolitan Correctionnel Center (MCC) ont donné aux détenus les grandes lignes pour confectionner une bombe» et «ils leur ont remis aussi la littérature islamique radicale d’éminents terroristes, Oussama Ben Laden et Anwar al-Awlaki». Il précise que ceux qui font ce travail de radicalisation ne sont pas des «détenus ordinaires».
Patrick Dunleavy cite les exemples d’un sympathisant de Daech, d’un membre des Shebab et d’un terroriste qui a attaqué des militaires américains en Afghanistan. Un autre cas est éloquent, il s’agit du terroriste Ahmad Khan Rahimi, mieux connu comme «l’homme à la bombe de Chelsea», reconnu coupable d’avoir posé deux dispositifs explosifs improvisés en 2016, l’un à New York, l’autre dans le New Jersey. Avec ce « palmarès», Rahimi était autorisé à distribuer les documents de radicalisation aux détenus. Lui-même avait eu à témoigner à ce propos, en 2011, devant la House Committee for Homeland Security et avait évoqué l’éventualité que l’on trouve en prison une copie d’Inspire, le magazine d’Al-Qaîda, et c’était vrai.
Patrick Dunleavy signale qu’il y a plusieurs années, the Investigative Project on Terrorism (IPT) a découvert que les bandes magnétiques des sermons d’Anwar Al-‘Awlaki étaient disponibles à la bibliothèque de la prison. Il y avait plusieurs copies d’Inspire, publié par Al-Qaîda parmi la littérature terroriste trouvée dans les cellules des détenus du Metropolitan Correctionnal Center. Il rappelle que le MCC, «ces 25 dernières années, avait eu en charge de nombreux terroristes en vue (…) y compris les poseurs de bombes du World Trade Center en 1993» et «en novembre 2000, des membres d’Al-Qaîda, Mamdouh Salim et Khalfân Khamis Mohamed, étaient incarcérés au MCC pour avoir bombardé l’ambassade américaine en Tanzanie».
Quand on lit l’article de Patrick Dunleavy, on n’exclut pas que des auteurs d’attentats aux Etats-Unis et ailleurs sortent de cette «école pour terroristes». Ceci confirme en tout cas la collusion plus qu’avérée entre la CIA, Daech et Al-Qaîda !
D’autres faits confirment cette impression. Il y a deux ans, les médias ont révélé le cas de la prison américaine Camp Bucca, au sud de l’Irak, comptait parmi ses détenus des responsables du groupe terroriste Daech, dont Abou Bakr Al-Baghdadi. Elle a servi à la radicalisation et au recrutement, dès le début des années 2000, des terroristes qui menacent aujourd’hui y compris les Etats-Unis. Elle a compté 100 000 détenus en six ans et jusqu’à 22 000 rien qu’en 2007.
H. A.
*Patrick Dunleavy est l’auteur de The Fertile Soil of Jihad. Il dirige une formation sur le terrorisme à la United States Military Special Operations School.
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