Cafouillage autour de l’instruction de Bouteflika sur les privatisations
Par Karim B. – L’instruction du Président de la République relative aux privatisations que le Premier ministre Ahmed Ouyahia compte – comptait ? – entamer a semé la confusion. En voulant éclairer la lanterne de l’opinion publique, une «source autorisée» a enfoncé le clou, suivie d’une réaction du secrétaire général du FLN et du patron de TAJ, Amar Ghoul, proche du pouvoir, qui ont littéralement épaissi le brouillard.
Arrêt du processus de privatisations ou pas ? Si on se réfère à la «mise au point» de la «source autorisée» qui s’est confiée à l’agence officielle APS, le président Bouteflika ne viserait pas à gêner son Premier ministre dans son plan de restructuration des entreprises publiques dont il s’apprête – s’apprêtait ? – à ouvrir le capital, mais veut en contrôler le processus de bout en bout. Manque de confiance ou crainte que cette nouvelle orientation économique fasse des dégâts ? Selon toute vraisemblance, le président Bouteflika préfère garder les mains sur le volant pendant que le chef de l’Exécutif conduit les réformes qui risquent de provoquer des remous au sein de la société.
Comment, en effet, faire dévier tout un système bâti sur la rente pour remettre l’économie sur les rails et revenir à l’orthodoxie, en privilégiant l’effort au détriment de l’assistanat sans provoquer des vagues ? Tout le problème est là. Le pouvoir a habitué les Algériens à ne compter que sur l’Etat dans tout, du carburant subventionné au logement «social» offert, en passant par la médecine gratuite pour tous, avec ce que cela a eu comme conséquences dramatiques pour le pays.
A l’heure où nous rédigeons ces lignes, on ne sait toujours pas si le plan de privatisation est maintenu ou annulé, tant les réactions n’ont fait que rajouter à la confusion. Est-ce prémédité ou y a-t-il un problème de communication qui fait que même le secrétaire général de la première formation politique du pays s’est emmêlé les pinceaux ? Le FLN s’est, en effet, empressé d’applaudir la décision du Président de la République d’«annuler» le plan d’Ouyahia dont il dénie – tacitement – la légitimité à la tête du gouvernement qui, selon l’ex-parti unique, devrait revenir de droit au FLN, «majoritaire» au Parlement.
La guerre larvée que se livrent les deux partis de «l’alliance» présidentielle se révèle à nouveau au grand jour à la lumière de l’instruction de Bouteflika. Loin d’avoir lâché son homme de confiance, le Président de la République semble, néanmoins, vouloir démontrer qu’il est le seul véritable commandant à bord du bateau Algérie. Mais l’ex-parti unique surfe volontiers sur cette vague pour montrer, à son tour, que si Bouteflika est le capitaine, c’est bien le FLN son timonier et non le RND.
K. B.
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