Il ne s’assume pas
Par R. Mahmoudi – Après un long silence, Ahmed Ouyahia a enfin parlé. Il s’est exprimé sur à peu près tous les sujets qui préoccupent les Algériens, l’augmentation des prix, les grèves dans l’éducation et le secteur de la santé, les subventions… Mais il a parlé, et tout le problème est là, en tant que secrétaire général de son parti, le RND, et non en tant que Premier ministre. C’est-à-dire que tout ce qu’il a dit ne peut engager son gouvernement, et il ne faut pas attendre de lui des positions tranchées, ni des décisions.
Car c’est ce que tout le monde attendait : des mesures pour sortir le pays de cette grave impasse sociale et non pas une dissertation politique. Or, Ouyahia a préféré parler en responsable politique pour exprimer son soutien à des ministres «harcelés» par des syndicats «irresponsables» et à un gouvernement dont il est pourtant le chef.
La question qu’on ne peut s’empêcher de poser est de savoir pourquoi Ahmed Ouyahia ne veut pas – ne peut pas ? – se prononcer sur les mêmes sujets en sa qualité de Premier ministre. N’a-t-il plus les coudées franches pour agir sur les événements ? N’a-t-il rien de plus à proposer que les deux ou trois ministres directement concernés ? A-t-il peur de retomber dans le même piège que celui des manifestations de décembre dernier sur tamazight et de se voir ainsi déjugé par le chef de l’Etat dont tout le monde, jusqu’aux syndicats frondeurs, sollicite l’arbitrage pour mettre fin à une instabilité qui perdure ?
Quoi qu’il en soit, sa sortie est sans aucun impact sur le cours des événements, puisqu’elle n’est suivie d’aucun effet contraignant et n’esquisse aucune solution, dès lors que lui-même ne se voit pas et ne s’assume pas comme une force de médiation pour en avoir.
R. M.
Comment (14)