La Turquie déclare la guerre à la Syrie
Par Sadek Sahraoui – L’armée turque a pilonné ce matin des unités de l’armée syrienne qui commençaient à prendre position dans l’enclave kurde d’Afrine, située en territoire syrien. Ces forces, dont l’arrivée avait été annoncée dès lundi par les médias officiels syriens, seront déployées le long de la frontière turque, ont indiqué les Unités de protection du peuple (YPG), la milice kurde qu’Ankara considère comme «terroriste». La Turquie veut à tout prix chasser les YPG d’Afrine à la faveur de son offensive qui est entrée mardi dans son deuxième mois.
Peu après leur arrivée à Afrine, les forces syriennes ont, cependant, été visées par l’artillerie turque, selon l’agence officielle syrienne Sana. A Ankara, les médias étatiques ont également fait état de «tirs d’avertissement» contre ces forces. «Les groupes terroristes pro-régime qui s’efforcent d’avancer vers Afrine ont reculé à environ 10 km de la ville du fait des tirs d’avertissement», a affirmé l’agence Anadolu, selon l’AFP qui rapporte l’information. En guise de menace à Damas, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait affirmé aussi dans la matinée que son armée «barrera la route» à tout renfort extérieur arrivant à Afrine. Mais les forces loyalistes syriennes s’y sont déployées quelques heures plus tard.
M. Erdogan a aussi affirmé que les forces turques assiégeraient prochainement la ville d’Afrine. Ses plans risquent, toutefois, d’être contrariés par les derniers développements. Il n’était pas clair dans l’immédiat si le déploiement syrien s’est fait avec l’aval de Moscou, un allié-clef du président Al-Assad et qui contrôle l’espace aérien dans le nord de la Syrie, un important levier qui peut lui permettre de faire pression sur Ankara. Mais dans tous les cas, le président turc Recep Tayyip Erdogan joue avec le feu et faire courir le risque à la région de plonger dans une guerre longue et impitoyable. Il est peu probable, en effet, que Damas assiste sans rien faire à la colonisation de son septentrion par Ankara. Car c’est de cela dont il s’agit vraiment.
S. S.
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