Al-Qaïda effrayée par la révolte des jeunes au nord du Mali

Des centaines d'habitants ont protesté contre l'interdiction faite à des jeunes par les groupes armés de jouer au football ou de regarder la télévision, rapporte l’agence de presse chinoise Xinhua, visiblement très au fait du dossier Sahel. Après les dissidences internes au sein des différents groupes terroristes sévissant au Nord-Mali, en raison de désaccords sur le partage des butins de guerre, Aqmi doit faire face à la fronde des populations locales, indique Xinhua, qui ajoute que «les groupes terroristes sont confrontés à une nouvelle forme de résistance avec les manifestations spontanées des 14 et 15 mai à Gao et dans certaines régions limitrophes pour dénoncer la présence des groupes sur le territoire malien avec son lot d'effets dévastateurs que sont notamment les prises d'otages, le crime organisé, la contrebande et le trafic d'armes et de drogue». Ce mécontentement populaire, qui conforte la thèse selon laquelle «le citoyen de la sous-région n'adhère pas au terrorisme par conviction mais par peur ou par nécessité financière», a poussé le chef d'Al-Qaïda dans la région, Abdelmalek Droukdel, à donner une série de conseils aux terroristes qui contrôlent le nord du Mali. Il les a appelé à «imposer graduellement la charia». Dans un enregistrement sonore de 12 minutes diffusé sur le site internet Sahara Media, Abdelmalek Droukdel avertit ses éléments armés qu’il invite à «ne pas faire preuve de vanité» : «L'imposition de la charia ne doit pas seulement être limitée à la juste punition des gens, c'est beaucoup plus large que cela», conseille-t-il, soulignant que «c'est une erreur d'imposer toutes les règles de l'islam d'un seul coup». S’inspirant des anciennes SAS de la France coloniale, Droudkel conseille à ses hommes «d'apporter la sécurité aux populations des villes contrôlées, notamment Tombouctou, Gao et Kidal, et de leur fournir les services essentiels que sont la santé, la nourriture, l'eau, l'électricité, le gaz et le carburant».
Lina S.