Aqmi, Mujao et Ansar Dine disséqués par un journaliste malien
Un journaliste malien, très au fait de la situation qui prévaut au Nord-Mali, décortique l'organisation des différents groupes islamistes armés qui y sévissent en véritables maîtres des lieux depuis la destitution du président Amadou Toumani Touré en mars dernier. A. K. Drame, qui se présente comme journaliste indépendant, fait remarquer que le vote aux Nations unies d’une résolution favorable à une intervention armée a mis Aqmi dans une colère noire. Il estime que les déclarations des «seigneurs de la terreur» menaçant de tuer les otages, voire le président français, doivent être prises au sérieux. Il rappelle qu’après les batailles d’Aguelhok, Abou Zeyed a tué trente Mauritaniens de sa brigade. Pour A. K. Drame, les leaders d’Aqmi commencent à paniquer, car ils se savent infiltrés par des agents de services de renseignement, d’autant plus, pense-t-il, que la confiance n’est plus de mise dans les rangs de cette organisation. Ce qui a conduit à l’affaiblissement du groupe, écrit-il. Il fait savoir que des recrues qui ne veulent pas mourir au nom de Dieu sont en train de déserter, laissant sur place leurs femmes nouvellement mariées. Pourtant, les djihadistes, fait-il observer, gratifient généreusement leurs recrues : les célibataires gagnent environ 300 000 francs CFA, quant aux mariés, ils empochent entre 500 000 et 600 000 francs CFA, financés certainement à partir des 200 millions d’euros de rançons, soit plus de 131 milliards de francs CFA, auxquels il faut ajouter, précise le journaliste malien, l’argent de la drogue, difficile à évaluer. Il décrit ensuite la nébuleuse Aqmi implantée dans le septentrion malien qu’elle a organisé en plusieurs zones militaires. «Le Sahel, explique-t-il, considéré comme l’émirat du Sahara, est dirigé par Yahya Djouadi, 40 ans. Son nom de guerre est Abou Amar, c’est lui qui veille sur le Mali, le Niger, le Nigeria, la Libye, la Mauritanie et le Tchad. Il est le bras droit d’Abdelmalek Droukdel, l’ancien chef du GSPC devenu Aqmi. Abou Amar succède à Mokhtar Belmokhtar en 2007. Belmokhtar s’est reconverti en narcotrafiquant. Abdelhamid Abou Zeïd, 50 ans, de son vrai nom Abid Hamadou, est le maître des katibas (brigades) les plus redoutées,Tarek Ibn Zyiad ou El-Fatihine. On dit que c’est lui qui a tué le diplomate anglais Edwin Dyer en juin 2009. Son homme de confiance est Yahya Abou El-Hamman, 30 ans, à la tête de la katiba El-Forkane qui couvre l’ouest de Tombouctou. Il serait le cerveau des meurtres de Germaneau et Akacha Djamel, un officier algérien tué le 21 septembre par Abou Moussa Abdel Waoud. Quant à Abdelkader Mokhtar Belmokhtar, de son nom de guerre Abou Al-Abbès ou Laâouar (le borgne), il a fait ses classes en Afghanistan et dirige la katiba El-Moulathamoun depuis plus de 15 ans. Il est marié à une notable targuie de la tribu des Béni Omrane. Condamné à mort deux fois en Algérie, il s’est évadé en prenant des otages. Il utilise des mercenaires pour ses enlèvements et ses trafics, fournit Aqmi en armes et véhicules, et donne à la population de grosses sommes d’argent. Mokhtar Belmokhtar, qui avait son quartier général dans le djebel Timétrine, à l’ouest d’Aguelhok, vient d’être destitué par le grand émir d’Aqmi, Yahya Djouadi. Abdelkrim Tarqui Taleb, cousin d’Iyad Ag Ghali, est basé au nord-est de Tombouctou. Sur son tableau de chasse, figure l’enlèvement de Germaneau qui sera vendu au groupe de Yahya Abou El-Hamman. Il serait le responsable de meurtre des 11 gendarmes près de Tinzawatine. Omar Assahraoui, mercenaire au service d’Aqmi, a eu en sa possession les trois otages de Tindouf dans le nord-est de Tombouctou. Il faut souligner que ces trois otages ont été libérés il y a deux mois contre payement de rançon. Omar Assahraoui, qui était en prison en Mauritanie en 2010, avait été libéré contre deux otages espagnols. Iyad Ag Ghali a son quartier général dans le Zakak, près de Boureïssa, il est le patron d’Ansar Dine. Iyad est secondé par deux colonels : Hassane Ag Fagaga et M’Bah Moussa Diarra».
R. I.
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