Epilogue d’une affaire criminelle qui a tenu Tizi Ouzou en haleine

Le tribunal criminel près la cour de Tizi Ouzou a rendu jeudi son verdict et levé le voile sur une affaire criminelle qui a longtemps défrayé la chronique et tenu en haleine la population de cette wilaya. Cette affaire criminelle, l’une des plus importantes qu’a eues à juger le tribunal criminel de Tizi Ouzou ces dernières années, a concerné un groupe de criminels organisés en un réseau de grand banditisme spécialisé dans les enlèvements pour l’obtention de rançons, assassinat et vols. Le groupe était notamment derrière l’assassinat, en novembre 2010 à Aghribs, dans la commune d’Azeffoun, de l'entrepreneur Hend Slimana, dans un guet-apens, durant lequel son cousin Omar qui était avec lui avait été enlevé. Le procès, qui s'est ouvert lundi dernier, s'est étalé sur trois jours, avec la présence de 12 accusés, trois témoins et une vingtaine de victimes. Plus d'une trentaine de crimes et délits, dont un assassinat, trois rapts, dont deux se sont soldés par l'obtention de rançons, tentative d'assassinat d'un camionneur avec une arme à feu (kalachnikov) et plusieurs vols de véhicules, ont été commis par ce groupe de malfaiteurs. Une somme d’argent d'environ 160 millions de dinars avait été amassée par ce réseau du crime organisé, selon un avocat de la partie civile. Un réseau qui avait semé la terreur dans les wilayas de Tizi Ouzou et Béjaïa, particulièrement à Fréha, Aghribs et Akbou, jusqu'en janvier 2011, date à laquelle le chef de groupe, Tchatchi Youba, 24 ans, avait été interpellé à bord d'un véhicule volé, au retour d'une affaire criminelle perpétrée à Béjaïa. Selon l'arrêt de renvoi, ce groupe de malfaiteurs «n'agissait pas au hasard». Toutes ses opérations criminelles étaient planifiées. Il avait même créé une agence immobilière pour blanchir l'argent provenant des vols et des rançons. Cette agence immobilière est gérée par Helifi Sadek, un étudiant en post-graduation en droit à l’université de Tizi Ouzou. Leur première action a eu lieu en mars 2010 et ciblé un livreur de boissons alcoolisées, attaqué à la limite territoriale entre les wilayas de Tizi Ouzou et de Béjaïa. L'un des malfaiteurs, à savoir Ibouchoukane Hacène, était avec la victime, dans son camion. Un pistolet factice  a été utilisé lors de cette attaque durant laquelle une somme de 4 millions de dinars a été extorquée au livreur. Cet argent a permis au groupe d'acquérir ses premières armes de guerre, une kalachnikov et un pistolet automatique, achetées auprès d'un certain Moussa dit Ettergui, que le frère du chef de groupe, en l’occurrence Tchatchi Boussaad, récidiviste, avait rencontré à la prison d'Aflou en 2010, alors qu'il purgeait une peine de sept années de prison ferme pour association de malfaiteurs. Jouant la carte de la confusion, ces malfaiteurs portaient des tenues afghanes, pour se faire passer pour des terroristes. Ils n’ont pas hésité à tirer une rafale de kalachnikov sur le siège de la sûreté de daïra de Fréha pour donner le change. Ils se sont aussi déplacés jusqu'à Biskra où Tchatchi Boussaad a tiré sur un camionneur en le blessant avec trois balles de kalachnikov au niveau de la mâchoire, du cou et de l'épaule, le laissant pour mort après lui avoir volé son camion. Les récits d’Omar Slimana et d’Ibrar Lounès, qui ont été enlevés par ce groupe, et qui étaient présents au procès comme victimes, ont ému l'assistance. Omar a raconté que le 14 novembre 2010, alors qu'il rentrait chez lui avec son cousin Hand, un véhicule qui appartenant à Helifi Sadek leur a bloqué la route. Ils se sont arrêtés. Un homme armé d'une kalachnikov les a obligés à descendre du véhicule. Une fois hors de la voiture, les malfaiteurs leur ont intimé l'ordre de s'asseoir par terre. «Hand Slimana a refusé de se plier à cet ordre et il fut froidement exécuté», a déclaré le témoin. Ibrar Lounès a informé le tribunal que ses ravisseurs l'avaient «frappé et torturé». Le citoyen agressé à Biskra a raconté, pour sa part, dans son témoignage joint au dossier, qu'il a «supplié Tchatchi Boussaad de l'épargner, tout en lui remettant les clés du camion et tout l'argent qu'il avait sur lui, mais son agresseur lui a tiré dessus». Les tentatives de certains accusés de faire endosser la responsabilité aux groupes terroristes, ou à trois autres personnes dont les noms ont été cités par Helifi Sadek, n'ont pas convaincu le tribunal. En outre, plusieurs d'entre eux dont Tchatchi Youba, son frère Boussaad et Helifi Sadek, ont été reconnus par leurs victimes lors du procès. Les preuves matérielles, à savoir les armes, qui ont été utilisées dans les différentes opérations, utilisation confirmée par une analyse balistique, et les puces téléphoniques qui ont servi à contacter et négocier les rançons avec les familles des victimes enlevées ont été suffisantes pour les confondre et convaincre les membres du jury et le tribunal à les condamner lourdement.
R. N.
 

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