Pourquoi cette agression israélienne contre Ghaza ?
A l’évidence, l’armée israélienne sanguinaire n’a pas reçu l’ordre de bombarder l’enclave de Ghaza emmurée, surpeuplée (1,6 millions d’habitants) et d’y massacrer femmes et enfants encerclés, à la merci de leurs bombardiers lourdement armés (plus de 100 victimes en 5 jours), afin de stopper une invasion des Ghazaouis contre les boîtes de nuit de Tel-Aviv ! Combien les correspondants des médias planqués à Jérusalem ont-ils dénombré de F-16 et d’hélicoptères de combats palestiniens dans le ciel israélien ? Aucun bien évidemment. L’assassinat par Tsahal, le 14 novembre dernier, d’Ahmad Jabari, chef militaire du Hamas, à Ghaza, a brisé la trêve et déclenché la riposte palestinienne, voilà la vérité. Les sous-fifres journalistiques colportent toujours les mêmes fumisteries empruntées à l’état-major de Tsahal, à l’effet que ces jeux de massacre seraient une guerre entre deux armées de métier ; une partie détenant l’arme thermonucléaire, des sous-marins nucléaires et des tanks Merkava ; l’autre partie, équipée de vieux pétoires et de quelques rockets artisanaux ; les deux «armées de métier» combattant à armes égales sur le champ de bataille israélo-palestinien. Malgré leurs prétentions d’objectivité, ces observateurs «engagés» s’agitent, mais n’éclairent nullement l’horizon, car pour ce faire, ils devraient dévoiler la mission de leur ami «bibi» Netanyahou, l’adjudant au Levant de l’impérialisme israélien et de ses alliés européens et américains.
La question demeure donc : pourquoi cet assaut meurtrier contre Ghaza l’enfermée ? Pour résoudre ce mystère il faut retourner un mois en arrière. Le 16 octobre dernier, sans motif apparent, Benjamin Netanyahou, Premier ministre majoritaire à la Knesset de Jérusalem occupée, déclenche des élections anticipées afin de renforcer sa crédibilité face à Barack Obama dont la réélection semblait déjà assurée, n’en déplaise aux sondeurs d’opinion étatsuniens qui ont tenté de maintenir le suspense du scrutin jusqu’à la fin. Quelques jours plus tard, «Bibi» annonçait la coalition du Likoud avec le paria Lieberman, un sioniste hystérique, ministre des Affaires étrangères, signifiant en cela que sa faction israélienne n’entendait pas céder aux pressions de ses alliés américains et européens une fois conclue l’élection du président décevant. «Décevant», ont prétendu certains collabos car quelques âmes bien nées avaient laissé penser qu’Obama mettrait Israël au pas, là où ses prédécesseurs avaient échoué… ou fait semblant d’échouer. Quelques mois auparavant, un rapport secret – habilement exfiltré via les services secrets iraniens – avait laissé entendre que l’appareil d’État étatsunien – qui fera bientôt face à la pire crise économique-bancaire-boursière-monétaire de son histoire – se questionnait sur l’avenir d’un Proche-Orient sans soldats «hébreux», sans «État» terroriste-sioniste israélien. Pis, le 10 novembre 2012, «quelques jours avant son assassinat, Ahmed Jabari, l’homme fort du Hamas à Ghaza, avait reçu le projet de texte d’une trêve permanente avec Israël qui comportait des mécanismes pour maintenir le cessez-le-feu dans le cas d’éruptions de violence entre Israël et différentes factions de la bande de Ghaza» (Haaretz). La classe capitaliste monopoliste israélienne a horreur de ces soumissions palestiniennes visant à céder à leurs admonestations et réclamations, lesquelles, nonobstant ses atermoiements, forcera un jour l’État «hébreu» à commencer à discutailler afin d’éventuellement signer un traité visant à concéder un bantoustan sur une portion de terre spoliée au peuple palestinien. Deux courants de pensée bouleversent la diaspora sioniste en Israël et dans la «communauté internationale occidentale» : le premier courant espère fortement que si Tsahal rend la vie insoutenable aux millions de Palestiniens accrochés à leurs terres ancestrales, ceux-ci finiront par quitter leurs propriétés non encore occupées et spoliées, et alors le Grand Israël des boniments de la Torah pourra émerger comme une mystique «Terre promise». Le second courant de pensée sioniste, ceux que l’on qualifie de réalistes car moins hystériques, comprend fort bien qu’il est impossible d’exterminer 5 à 8 millions de Palestiniens (selon que l’on comptabilise ou non les ressortissants vivant en apartheid depuis la Nakba au sein de l’État hébreu de 1948). Ceux-là comprennent que les 5 millions de Palestiniens enfermés à Ghaza et en Cisjordanie colonisée n’ont nulle part où aller et qu’il faudra donc, tôt ou tard, leur concéder un bantoustan que les laquais de l’Autorité palestinienne administreront sous le joug israélien. Pour eux, l’État hébreu serait mieux aviser de régler cette infâme négociation au plus pressant, pendant que Mahmoud Abbas est toujours en poste malgré son illégitimité.
Nous venons de résumer la cause palestinienne observée du côté impérialiste de la lorgnette. Le dilemme des impérialistes se résume à ceci : la conjoncture est-elle favorable pour concéder ce bantoustan aux thuriféraires palestiniens et de le laisser reconnaître par l’ONU ; où vaut-il mieux attendre encore d’avantage dans l’espoir que quelques acres de terres supplémentaires puissent être arrachées à ce peuple prisonnier ?
L’autre question à résoudre pour les sionistes et leurs alliés étatsuniens et européens tient à la mainmise que leurs sous-fifres et leurs larbins palestiniens détiennent réellement sur le peuple palestinien. Chaque comploteur sioniste comprend qu’il est inutile de céder quelques arpents de désert à Mahmoud Abbas, plénipotentiaire du Fatah, parangon de l’État croupion palestinien – quel qu’en soit le statut pourvu qu’il soit «reconnu par l’ONU» – si demain le Hamas, le FPLP ou le Jihad Islamique peuvent surgir sur l’avant-scène palestinienne répudier le traité de capitulation signé par la ridicule Autorité et quémander la restitution de plus de terres expropriées et exiger davantage de subsides de la «communauté internationale» complice de ces malversations anti-palestiniennes.
Le pire des scénarios pour les sionistes – le plus probable – serait qu’un référendum populaire palestinien – impliquant les réfugiés des camps de la misère dans les pays arabes voisins (Liban, Irak, Jordanie, Syrie, Égypte) – répudie ces ententes licencieuses et frauduleuses. Toute la «négociation-capitulation» serait alors à reprendre dans une position défavorable pour les sionistes spoliateurs de terre et pour leur armée de guerre déglinguée (que le Hezbollah a déjà humiliée). En tant que représentant politique de la diaspora impérialiste sioniste, Benjamin Netanyahou sait déjà tout cela et il intervient aujourd’hui par ces attaques criminelles contre Ghaza la résistante afin de défier ses alliés étatsuniens et européens qui jonglent avec ses flagorneries et voudraient bien le voir s’asseoir à la table de négociation pour enfin céder le bantoustan palestinien à une faction palestinienne en mesure d’imposer ces compromissions au peuple palestinien en prison.
En exécutant le chef militaire du Hamas et en détruisant le siège de l’organisation à Ghaza, Netanyahou tente d’affaiblir cette faction et de donner une chance aux factions rivales (FPLP et Jihad islamique) de s’emparer du pouvoir à Ghaza – pour qu’ensuite ces groupuscules – décrétés «extrémistes» par les analystes à la solde des impérialistes – présentent leurs revendications que «Bibi» déclarera irréalistes, exagérées, folles, délurées, justifiant ainsi son refus de nouvelles négociations… ce qui, ses alliés le savent bien, ne fera que reporter l’échéance obligée de ce conflit vieux de 65 années de plus en plus superfétatoire compte tenu du déplacement du centre de gravité géostratégique mondial vers l’Asie-Pacifique. Le présent épisode des massacres sionistes contre le peuple palestinien martyr n’est que le baroud d’honneur d’une faction impérialiste israélienne déshonorée et désespérée. Le peuple palestinien ne doit rien céder, ne doit rien signer, ne doit rien concéder et il doit persévérer et résister encore et toujours sans désespérer. Le jour viendra où, la conjoncture internationale se détériorant chaque jour davantage pour les impérialistes, y compris pour leur faction israélienne dégénérée, il sera alors approprié pour ce peuple courageux d’imposer ses conditions de règlement pour mettre fin définitivement à cette ignoble occupation qui, nous en convenons, a déjà trop duré.
Robert Bibeau