Belkacem Sahli à Algeriepatriotique : «L’Algérie suit l’affaire de l’emprisonnement d’Islam de très près» (I)
Islam vient d’écoper d’une année de prison ferme. Quelle est la réaction officielle de l’Algérie ?
Belkacem Sahli : La position de l’Algérie par rapport à ce verdict qui nous désole au plus haut point a été rendue publique par la voix du ministère des Affaires étrangères. Nous nous attendions à une peine légère. Nous allons donc devoir poursuivre les procédures concernant l’appel, au courant de ce mois comme le stipule la loi marocaine. Nous œuvrons à protéger les droits de l’enfant Islam dont nous assurons la famille des soutiens matériel et psychologique.
Que fera l’Algérie dans le cas où les autorités marocaines persistaient dans leur entêtement à condamner Islam ?
Généralement, je ne réponds pas aux hypothèses. Nous sommes sûrs d’avoir fait tout ce qui était en notre pouvoir pour résoudre cette affaire. Nous avons fait appel à un grand avocat marocain. Nous poursuivrons le travail au niveau de la magistrature marocaine, en souhaitant que tout rentre dans l’ordre.
Comment les autorités politiques marocaines réagissent-elles à cette affaire ?
Je ne peux pas vous répondre. C’est à elles que vous devriez poser cette question.
Vous avez déclaré récemment que les prisonniers algériens détenus en Irak avaient bénéficié d’une grâce. Ont-ils été libérés ?
Je n’ai jamais dit qu’ils avaient été graciés. C’est un journal qui m’a attribué ces propos car le journaliste n’a pas bien saisi. J’ai dit qu’il y a eu plusieurs pourparlers avec les autorités irakiennes, le ministère des Affaires étrangères, le Premier ministère et même avec le vice-président irakien. Au cours des rencontres que nous avons eues, à l’occasion des sommets arabes organisés à Riyad, au Caire et au Koweït, nous avons insisté, à chaque fois, sur la nécessité de permettre aux autorités algériennes de rendre visite aux prisonniers détenus là-bas et de s’enquérir des conditions de leur détention. Les autorités irakiennes ont répondu favorablement à notre demande et une délégation regroupant plusieurs secteurs, présidée par le ministère des AE, s’est déplacée la semaine passée en Irak pour rencontrer les prisonniers. Au nombre de onze, ils sont incarcérés dans quatre prisons différentes. L’important est que nous avons pu consulter leurs dossiers. Nous avons constaté que les conditions du déroulement de leur procès étaient normales et leurs conditions de vie dans les prisons irakiennes satisfaisantes, car conformes aux normes internationales. Les prisonniers eux-mêmes nous ont déclaré qu’ils étaient bien traités. Nous avons demandé aux autorités irakiennes d’alléger leurs peines, voire les gracier, d’autant que sur les onze prisonniers, neuf ne sont accusés que de franchissement illégal de la frontière irakienne. Cette accusation n’est pas aussi grave pour qu’elle les prive d’une grâce. Les autorités irakiennes montrent de bonnes dispositions à cet égard. Il reste juste quelques procédures à accomplir entre les deux parties. Nous espérons que les Irakiens respecteront leurs promesses et continueront avec ce même esprit positif qu’ils ont réservé à notre délégation.
Y a-t-il des prisonniers algériens dans les pays en proie à la violence, notamment en Afghanistan et en Syrie ?
Le suivi des conditions des prisonniers algériens hors de nos frontières est l’une des préoccupations majeures de notre département et celui du ministère des AE, et ce, conformément à la protection consulaire que fournit l’Etat à ses ressortissants. Ce problème a été posé par le passé en Tunisie et il se pose actuellement en Grèce, avec les émigrés clandestins qui se rendent dans ce pays pour gagner l’Europe de l’Ouest de manière illégale. A chaque fois qu’un Algérien est détenu quelque part dans le monde, nos consulats et nos ambassades sont prévenus directement. Très vite, nos représentations diplomatiques procèdent à la vérification de son identité, des conditions de sa détention, suivent son procès et l’assistent juridiquement et humainement dans le cas d’un retour volontaire au pays. Il est vrai que nous n’en parlons pas assez, mais c’est un travail permanent qui consiste à s’occuper des conditions des prisonniers algériens, comme en France, en Grande-Bretagne et dans tous les pays où ils se trouvent. Leur nombre n’est pas aussi grand qu’on pourrait le croire. Mais quand un Algérien est détenu pour une raison ou une autre, nous prenons les mesures nécessaires. J’ajouterai une chose en faveur de nos prisonniers détenus en Irak : selon les témoignages des Irakiens, ils ont un comportement exemplaire et c’est ce qui nous rend optimistes quant au dénouement heureux de cette affaire.
Interview réalisée par Mohamed El-Ghazi
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