Terroriste, pas cheikh
Ceux qui, dans les médias, font aujourd’hui la promotion des anciens dirigeants du FIS et de son aile armée, l’AIS, se rendent-ils compte qu’ils font en même temps l’apologie du terrorisme ? Désigner un de ces gourous des groupes armés, même aujourd’hui repenti, par le très honorifique titre de «cheikh» revient non seulement à lui reconnaître une certaine autorité morale ou spirituelle qu’il n’a assurément pas, mais aussi à l’absoudre, aux yeux de l’opinion, de son passé funeste. Ce sont toutes ces sollicitudes d’une certaine presse qui font que ces nervis du FIS, oubliés de l’Histoire, espèrent encore revenir sur scène, par n’importe quel moyen et en ne ratant aucune occasion pour se replacer ou simplement apparaître dans les médias, histoire aussi de gagner les faveurs des mentors du «printemps arabe». C’est ce qui a amené un Ali Benhadj à vouloir, par exemple, participer cette semaine à la marche du 20 Avril à Tizi-Ouzou, où il tenait bien, à tue-tête, à réclamer la «constitutionnalisation de tamazight», un combat pour lequel Matoub Lounès a été assassiné par ses acolytes du GIA. Au-delà de cette image caricaturale, ces islamistes guettent la moindre brèche pour s’y engouffrer et jouent désormais la carte des droits de l’Homme, des libertés publiques et de la justice sociale. Ces mêmes valeurs qui ont failli les faire parvenir au pouvoir par l’intimidation et la menace et qu’ils promettaient d’enterrer une fois ce dernier entre leurs mains. Ils ne viennent plus avec leur discours stéréotypé à l’ancienne ; ils ont appris à adapter leur langage et, parfois, préfèrent sous-traiter avec des activistes plus soft parce qu’ils savent bien à quoi cela renvoie dans l’imaginaire des Algériens. Eux le savent. Pas leurs intervieweurs.
R. Mahmoudi
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