«Erdogan, dégage !»
Erdogan doit quitter le pouvoir. Qui eût cru qu’un jour on entendrait cette injonction dans l’ambiance «printanière» dominée par le «dégage !» lancé à la face de dirigeants… exclusivement arabes. Evidemment, ce n’est ni Obama ni Hollande, encore moins leurs ministres des Affaires étrangères, ou un autre dirigeant d’un pays occidental, qui donnent cet ordre donné à leur poulain turc. C’est de Damas que vient l’appel fait à Erdogan à quitter le pouvoir. Comme une réponse du berger à la bergère. On se rappelle d’Abdullah Wade qui s’était joint aux voix occidentales exigeant le départ de Kadhafi ; quelques jours plus tard, il y eut des manifestations qui furent violemment réprimées à travers tout le Sénégal et Wade a fini par être éjecté lui aussi, après s'être représenté à la présidentielle à l'âge de… 85 ans. Quel monde ! On va de surprise en surprise. Voilà aussi que la pseudo-opposition syrienne, installée en Turquie et dans les capitales occidentales, vole au secours d’Erdogan et lui apporte son soutien dans sa répression sauvage des manifestations populaires qui se déroulent à Istanbul, Ankara et d’autres villes turques. En fait, cette opposition syrienne partage entièrement avec l’islamiste Erdogan le projet de société qui vise à restreindre les libertés collectives et individuelles, et à renforcer l’orientation ultra-libérale de l’économie au détriment de larges pans de la population. L’abattage d’arbres et la destruction d’un parc pour construire un centre commercial, en dépit des protestations des riverains, sont symboliques des méthodes de pouvoir d’Erdogan et des intérêts «bazaris» qu’il sert. Comme l’ensemble des peuples de la région, les Turcs veulent vivre dans un régime de libertés et de progrès social. Curieusement, ces aspirations, universelles, ne semblent pas plaire aux dirigeants occidentaux qui préfèrent des régimes islamistes, comme celui d’Erdogan, y compris avec sa dérive autoritaire inévitable.
Kamel Moulfi
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