Les étudiants de Béjaïa suspectent une tentative de déstabilisation
Les étudiants de l’université de Béjaïa se préparent à un nouveau cycle de protestation dès la rentrée, qui aura lieu début octobre. La Coordination des étudiants, qui a déjà pu mobiliser, l’année dernière, des milliers d’étudiants et de travailleurs de l’enseignement supérieur pour protester contre la violence et la corruption à l’université, compte cette année remobiliser ses troupes pour réclamer la réintégration de quelque 1 500 étudiants exclus du droit à l’hébergement, pour cause de mauvaise scolarité. Si l’administration des résidences universitaires dit se conformer à la réglementation – exclusion à l’hébergement de tout étudiant triplant –, des membres de la coordination estiment, eux, que cette réglementation n’a jamais été appliquée dans aucune résidence à travers le pays. Ils soupçonnent les auteurs de cette décision de vouloir «raviver la colère des étudiants dans un but inavoué», nous explique un des animateurs de cette coordination. «Connaissant le caractère frondeur des étudiants de cette région, l’administration chercherait à y entretenir la tension dans un contexte politique propice à toute escalade». C’est pourquoi ces étudiants voudraient canaliser cette protestation «afin d’éviter qu’elle soit instrumentalisée à d’autres fins», estime encore notre interlocuteur. Forte de 42 000 étudiants, l’université de Béjaïa a été le théâtre d’une vague de violence inédite, menée par des étudiants qui réclamaient le départ du directeur des œuvres universitaires. Mais la coordination des étudiants a accusé les protestataires d’être impliqués dans une manœuvre, dont les instigateurs n’étaient autres que les responsables des résidences universitaires. Une marche imposante, organisée par cette coordination pour dénoncer la violence et la corruption qui sévissent au sein de l’université et demander une commission d’enquête sur la gestion des œuvres universitaires, a fini par disqualifier les «fauteurs de troubles».
Rabah Aït Ali
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