Sofiane Djilali : «Le pouvoir sait qu’il a commis beaucoup de fautes»
Le président du parti Jil Jadid, Sofiane Djilali, s’est livré aujourd'hui lundi, au Forum de Liberté, à une analyse politico-sociologique du pouvoir et de la société algériens depuis la période coloniale jusqu’à nos jours, afin, dit-il, de tenter de comprendre pourquoi ceux qui tiennent les rênes de l’Etat ne veulent pas lâcher le pouvoir, malgré le poids de l’âge. «Imaginez un groupe de personnes, jeunes pour la majorité, qui avaient en commun un idéal de liberté, mais qui étaient pour la plupart de condition modeste, se retrouver du jour au lendemain aux commandes d’un Etat. Evidemment, ça leur monte à la tête et ils ne sont pas prêts à céder le pouvoir», explique l’ancien compagnon de Noureddine Boukrouh au PRA. Pour lui, «seule la nature pourra les faire partir». D’après l’invité de Liberté, «le pouvoir a donc vécu sur le capital symbolique de la légitimité historique pour perdurer». Mais, poursuit-il, ce capital symbolique «a été épuisé par le pouvoir lui-même qui en a usé et abusé». Et c’est ce qui fait que nous avons aujourd’hui, selon M. Djilali, «un pouvoir aux abois qui sait qu’il a commis beaucoup de fautes ces dernières années en procédant notamment à des changements incessants de la Constitution». M. Djilali estime, à ce sujet, que «nul n’a le droit d’exercer le pouvoir comme bon lui semble». Pour Sofiane Djilali, les dernières décisions prises par le président Bouteflika ne sont que de la poudre aux yeux. «Bouteflika et le clan qui l’entoure veulent faire semblant d’être forts. Mais ce n’est pas le cas. Ils sont en train de paniquer. Ils ont peur», assène-t-il, affirmant que «ce président qu’on veut nous montrer omnipotent ne marche pas, ne parle pas et c’est possible même qu’il ne réfléchit même pas». M. Djilali va même jusqu’à décrire le pouvoir en place avec dérision. «Bouteflika est le pilier central de ce pouvoir qui s’est entouré des "Amar" (Saïdani, Ghoul et Benyounès). Il tombera comme le cirque Amar», s’amuse-t-il. Mais comment aider ce pouvoir qui prend l’Algérie en otage à tomber ? Pour le président de Jil Jadid, trois acteurs principaux doivent participer à l’activation de cette transition. «Il s’agit, précise-t-il, du pouvoir en place finissant, de l’opposition forte mais qui n’a pas conscience de sa force et du peuple qui doit se mobiliser en conséquence». M. Djilali lance, d’ailleurs, un appel aux Algériens à «entrer dans l’arène politique et à se mobiliser le jour du vote pour que leurs voix ne soient pas détournées», critiquant au passage, mais sans les nommer, «ceux qui appellent les Algériens depuis vingt ans à boycotter les rendez-vous politiques». Pour lui, il y a actuellement des éléments qui démontrent que la société veut se prendre en charge, citant, au passage, les dernières prises de position d’organisations, de partis, de personnalités et de journalistes contre un éventuel quatrième mandat de Bouteflika. L’orateur voit d’ailleurs les prochaines présidentielles de 2014 comme «un rendez-vous essentiel dont il faut profiter pour faire partir un pouvoir qui n’est plus d’actualité et le remplacer par des institutions démocratiques».
Amine Sadek
Comment (24)