Belani répond au porte-parole du gouvernement marocain
Manquant visiblement d'arguments pour justifier la décision de rappel de l'ambassadeur marocain en consultation, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement marocain, Mustapha El-Khalfi, a indiqué, aujourd’hui vendredi, qu'en «qualifiant le Maroc de pays occupant, l'Algérie s'est écartée de la neutralité». Le ministre a, par ailleurs, évoqué une escalade dans la position de l'Algérie notamment sur la question de la surveillance par un mécanisme indépendant des droits de l'Homme dans les territoires sahraouis occupés. Interrogé par Algeriepatriotique sur cette déclaration incongrue, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a précisé que le ministre marocain «doit certainement savoir que pas un seul pays au monde ne reconnaît la souveraineté du royaume du Maroc sur les territoires du Sahara Occidental». Amar Belani a ajouté qu’il ne pouvait «ignorer, non plus, que le Sahara Occidental est depuis 1963 inscrit sur la liste onusienne des territoires non autonomes et que ce statut ne cesse que par l'exercice du droit à l'autodétermination». Le porte-parole s’est interrogé : «Alors, quel est le statut de la présence du Maroc au Sahara Occidental ?» «N'étant pas la puissance administrante de droit (qui demeure l'Espagne jusqu'à la tenue du référendum d'autodétermination) le Maroc occupe militairement le territoire. C'est un constat objectif qui ne peut souffrir d'aucune ambiguïté et qui s'impose à la communauté internationale», a encore précisé M. Belani. Au sujet de la «neutralité de l'Algérie» évoquée par le responsable politique marocain, le porte-parole du MAE a tenu à clarifier des analyses volontairement confuses, entretenues de l'autre côté de la frontière : «L'Algérie, explique-t-il, est un pays voisin qui n'est pas partie au conflit du Sahara Occidental, mais qui a une position constante adossée à la légalité internationale et qui découle de son propre itinéraire historique.» «Nous estimons, en effet, et nous proclamons que toute solution au conflit du Sahara Occidental qui ne prévoit pas un référendum à choix multiple n’en est pas une», a encore ajouté M. Belani, pour qui «l'acception singulière que font nos voisins de la notion de neutralité n'engage que ceux qui tentent, à coup de crises artificielles et de provocations hostiles, nous denier le droit d'avoir une position de principe, de l'exprimer et de la défendre haut et fort dans les enceintes internationales». Répondant aux propos du ministre marocain sur «l'escalade algérienne», «ceux-ci auraient été dignes de commentaires s'il avait réagi, en son temps, aux propos inacceptables et irresponsables du secrétaire général du parti de l'Istqlal qui avait, des le 1er mai 2013, appelé à envahir militairement l’Algérie». «Je me dois de lui rafraîchir la mémoire en lui rappelant que ces propos graves et aventuristes n'avaient suscité aucune réaction officielle du côté marocain», souligne M. Belani. «Bien au contraire, cette campagne préméditée qui préfigurait déjà une volonté réfléchie de provoquer une crise artificielle dans les relations bilatérales est montée crescendo pour attenter, de manière intolérable, à la souveraineté, à l'intégrité territoriale et à l'intangibilité des frontières de l'Algérie», a déclaré M. Belani à Algeriepatriotique. Enfin, sur la dimension des droits de l'Homme dans les territoires sahraouis, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères renvoie le responsable marocain à la lecture des recommandations édifiantes contenues dans le dernier rapport du secrétaire général des Nations unies qui soulignent, entre autres, que «la surveillance indépendante, impartiale, complète et constante de la situation des droits de l’Homme au Sahara Occidental devient plus que jamais une nécessité primordiale», avant de conclure : «L'Algérie n'en dit pas plus.» Une autre source diplomatique qui a requis l’anonymat a affirmé que les Marocains «sont furieux que l'Algérie ait remis à l'ordre du jour la question du mécanisme indépendant de surveillance des droits de l'Homme dans les territoires occupés du Sahara Occidental parce que si ce mécanisme indépendant est institué, cela signifierait et confirmerait clairement aux yeux du monde que ces territoires échappent à la souveraineté du Maroc contrairement à la fiction nourrie par ce pays sur cette question».
Karim Bouali
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