Santé : les changements opérés par Boudiaf auront-ils un impact ?

Le ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, a procédé à un mouvement à la tête de l’administration au niveau des établissements sous tutelle, selon un communiqué du ministère de la Santé. L’initiative attendue après une série d’enquêtes et de visites effectuées par le ministre au sein des hôpitaux est certainement louable, au vu du laisser-aller qui règne dans les structures de santé et la détérioration extrême des conditions de prise en charge des malades. Face à ces mesures, somme toute disciplinaires et administratives, il est difficile pourtant de se laisser aller à l’optimisme. Il y a en effet comme un air de déjà vu qui plane sur un secteur subissant une véritable descente aux enfers au vu et au su de tous les responsables. Ces dernières années, les ministres qui se sont succédé ont intimidé voir humilié des responsables face à la caméra de la télévision nationale, et procédé à des mesures disciplinaires sans que cela change quoi que ce soit à la réalité des hôpitaux concernés. Il n’y a pas si longtemps, aussi bien Djamel Ould Abbès que son successeur, Abdelaziz Ziari, s’étaient engagés à hisser la médecine de notre pays au plus haut niveau et faire émerger un système de santé meilleur et digne, et à mettre fin à la mauvaise gestion. Ils ont adopté eux aussi la même stratégie, houspillant les responsables et quelques directeurs d’hôpitaux ou de services, avant de regagner leurs bureaux. Pendant ce temps des solutions pourtant faciles à trouver et à appliquer par la tutelle ont été ignorées. Manque de lits, absence d’hygiène, manque de formation des jeunes médecins livrés à eux-mêmes, absence des médecins en charge des services, scanners et autres appareils de radiologie en panne, manque de médicaments, pillage des consommables des structures de santé publique au profit des cliniques privées, classement «douteux» dans les concours de résidanat, et surtout le désarroi des malades traités comme du bétail et rabroués et au mieux dirigés vers le privé s’ils en ont les moyens… autant de dysfonctionnements qui demeurent, si ce n’est quelques draps propres jetés à la hâte sur les lits au passage du ministre. Il reste à savoir si le nouveau ministre qui a fait le tour d’une grande partie des hôpitaux à travers le pays et constaté l’état désastreux des structures dépassera le simple «remaniement» et limogeage des fonctionnaires pour prendre des mesures concrètes qui réhabilitent la qualité des soins et préserve les moyens des hôpitaux, au profit des malades qui souffrent et qui meurent parfois, comme c’est le cas pour les cancéreux, faute de rendez-vous de chimiothérapie ou de radiothérapie ou de réelle prise en charge dans des services bondés. Il est à noter que le mouvement opéré par Boudiaf concerne une mise à la retraite des fonctionnaires ainsi que des sanctions suite à des mesures découlant de l’évaluation des gestionnaires, faite à la faveur des opérations d’audit qui ont concerné l’ensemble des établissements nationaux de santé à travers toutes les wilayas du pays.
Meriem Sassi

Comment (2)

    Anonyme
    5 janvier 2014 - 19 h 04 min

    Le tristement célèbre « Rak
    Le tristement célèbre « Rak Mouakaf » n’a jamais pu régler les problèmes de ce secteur. Le jour où l’on comprendra que les problèmes de la Santé publique en Algérie sont d’ordre structurel et que l’on réfléchira sur les mesures adéquates à mettre en place, on pourra espérer voir une amélioration. En attendant les menacés par le « Rak Mouakaf » vont faire le dos rond et attendre que le Ministre passe comme ceux qui l’ont précédé. Cette fois ci ils ont la chance de connaitre l’échéance à l’avance, soit Avril 2014.

    00213
    5 janvier 2014 - 18 h 58 min

    Je demande à n’importe quel
    Je demande à n’importe quel algérien s’il en a la possibilité de visiter l’hôpital psychiatrique de Sidi Chahmi, le centre anticancéreux de Constantine ou l’hôpital des enfants brulés d’Alger.
    En traversant leurs portes vous rentrez dans un monde où les limites de la dignité humaine sont largement outrepassées. – Âmes sensibles s’abstenir-
    Autant dire que ce sont des échantillons représentatifs du travail fourni par nos responsables médicaux (mis en place par nos responsables gouvernementaux).
    .
    Si vous demandez si ces purges auront un impact.
    Évidemment, à condition de faire comprendre aux remplaçants qui reprennent les rênes, qu’ils auront droit au même sort s’ils vont dans le même sens.
    .
    C’est actuellement le principal sujet de satisfaction auprès d’une majorité du personnel hospitalier « honnête ».

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.