Ali Djeddi confirme le retour du FIS et explique sa participation à la conférence de la CNTLD

Le projet de retour du Front islamique du salut (FIS), dissous en mars 1992, à l’activité politique semble sérieux. Ali Djeddi, un proche de l’ancien président du parti Abassi Madani, l’évoque avec beaucoup d’assurance dans une interview accordée au quotidien La Nouvelle République, à paraître demain mardi. Cet ancien membre de la direction du FIS dissous affirme ainsi que le parti reprendra du service sous une autre dénomination et subira un «relooking extrême» en matière de programme et d’objectifs. «Je vous informe que dans les jours à venir le parti tiendra un congrès destiné à procéder à une rénovation en termes de responsabilités, de discours et de programme», a-t-il indiqué tout en précisant que la nouvelle version du FIS sera totalement différente de l’ancienne. «Le FIS aura une nouvelle carte identité. Il aura désormais à œuvrer avec toutes les forces politiques pour instaurer des réformes et des restructurations qui mettront à moyen terme le pays sur la voie du succès». D’après Ali Djeddi, ce nouveau parti n’œuvrera pas à l’instauration d’un Etat théocratique, mais plutôt travaillera pour un Etat de droit et un monde de libertés. Ali Djeddi qui est apparemment l’un des artisans de ce retour déguisé du FIS, dit mettre en avant le «dialogue politique» pour le dépassement de la crise. Il revient dans la même interview sur sa participation très médiatique à la conférence nationale pour la transition démocratique organisée par Ennahda, le RCD, Jil Jadid, le MSP, le FJD et l'ancien chef de gouvernement Ahmed Benbitour. Il affirme entretenir des «contacts» avec tous ces organisateurs ainsi qu’avec Ali Benflis avant même la présidentielle du 17 avril dernier. Ali Djeddi précise cependant que les anciens du FIS dissous n’ont pas adhéré à la Coordination pour les libertés et la transition démocratique. «Non, en réalité, on n'a pas adhéré à la Coordination, par contre, on a assisté à la conférence afin de faire aboutir une plateforme politique commune à même de satisfaire l’ensemble des parties, et considérant les déclarations publiques des participants, l’objectif de la conférence est indéniablement atteint», soutient-il, estimant que «cette feuille de route constitue l’aboutissement de concertations multilatérales, et ce, malgré les divergences existant entre les courants politiques islamistes, nationalistes, et démocrates». Pour Ali Djeddi, qui a eu une grosse accolade avec l’ancien président du RCD, Saïd Sadi, la Coordination «reste le moyen le plus important et le plus à même de promouvoir l’Etat de droit, et de garantir ce faisant le statut des droits et des libertés des citoyens algériens». On est loin du FIS des années 80-90 qui promettait l’enfer à tous ceux qui ne voteraient pas pour lui et qui déclarait la démocratie kofr (impie). Disloqué, battu sur le terrain militaire, en complet déphasage avec l’évolution de la société, le FIS ou ce qu’il en reste tente un retour sur la scène politique par des moyens pacifiques. Ali Djeddi s’engage ainsi à continuer son «militantisme politique» dans ce cadre, avec pour objectif «la création d’un nouveau rapport de force politique, qui permettra à une opposition unie d’exercer une pression sur le gouvernement». Ali Djeddi assure que Madani Mezrag qui a participé aux consultations sur la révision de la Constitution a été invité en tant que personnalité nationale. Il relève dans le même contexte qu’Abdelkader Boukhamkham, invité en tant qu’ancien cadre dirigeant du FIS, a décliné l'invitation adressée par la présidence de la République. Quant à lui, il se dit soulagé de n’avoir pas été invité. «On ne m'a pas invité, et c’est mieux ainsi.» Comme d’autres ex-dirigeants du FIS dissous, Ali Djeddi a parfaitement réussi sa réinsertion. Après avoir abandonné l'enseignement qu'il pratiquait autrefois, Djeddi, comme Abdelkader Boukhamkham, Benazouz Zebda, El-Hachemi Sahnouni ou encore Kamel Guemazi, est dans le business et le commerce «halal», très florissant. Comme en témoigne d’ailleurs sa luxueuse villa à Alger.
Rafik Meddour
 

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