L’afflux incessant de réfugiés subsahariens divise les Béjaouis

L’afflux incessant des réfugiés venus en majorité du nord du Mali est devenu une source de préoccupation pour les citoyens de la wilaya de Béjaïa, au point de susciter des réactions pour le moins inconvenantes. Ce vendredi, des habitants du quartier Boudjeloud, mitoyen de la gare routière, ont appelé à une réunion de tous les riverains pour débattre de la situation induite par la présence de ces réfugiés dans leur quartier et, au-delà, dans toute la ville. Dans un appel affiché partout, les initiateurs de cette réunion ont appelé tous les habitants de Béjaïa à y assister «afin, disent-ils, d’éviter le pire pour notre avenir et celui de nos enfants et de mettre en garde les autorités locales devant cette menace et réagir pour le bien de notre wilaya», est-il écrit dans l’appel qui met en garde contre l’apparition de diverses maladies (Ebola, malaria, sida…)» et «le comportement agressif et incontrôlable vis-à-vis des citoyens», ajoute l’appel. Cela dit, d’aucuns à Béjaïa ont émis des réserves quant à ce ton jugé inhospitalier, frisant le racisme, à l’égard de ces réfugiés livrés, souvent avec leurs familles et des enfants en bas âge, à leur sort depuis plusieurs mois, et qui vivent de l’aumône que leur donnent les gens sensibles à leur situation. Ils trouvent cette alerte tout simplement exagérée. Ils notent que loin de constituer une menace contre la population, ils sont eux-mêmes victimes de vols perpétrés par de petits délinquants qui profitent de leur vulnérabilité. Ils reprochent plutôt aux autorités de ne pas leur avoir assuré des conditions de vie dignes. Interpellé par un membre de l’APW sur cette question, le wali de Béjaïa, Hamou Ahmed Touhami, s’est montré rassurant en déclarant récemment, lors d’une session plénière de l’APW, que la situation «est sous contrôle» et qu’il n’y aurait rien à craindre sur d’éventuels risques de santé publique que peut générer l’afflux de ces réfugiés. Il a estimé leur nombre exact à 196 au niveau de la seule commune de Béjaïa. Mais pour ce qui est de mesures à prendre pour juguler ce phénomène et trouver, ainsi, une solution viable à ces «déracinés», le wali s’avoue impuissant et dit attendre des instructions de la hiérarchie, à savoir le ministère de l’Intérieur, pour agir. C’est apparemment le cas dans toutes les autres wilayas du pays qui offrent le même paysage depuis bientôt une année.
Rabah Aït-Ali

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