L’échantillon d’Ottawa
Par Kamel Moulfi – La panique s’est emparée, hier, du centre d’Ottawa où la police a vécu, sans doute, le plus mauvais moment de sa vie en faisant face, pour la première fois, à un acte terroriste commis sur le sol canadien. Les tirs en plusieurs lieux de la ville ont accru le sentiment de peur chez les habitants qui ont eu un échantillon de ce que d’autres pays lointains, comme l’Irak, la Syrie, la Libye, l’Afghanistan, vivent quotidiennement. Pour ce petit fait, ils ont reçu l'ordre de se confiner dans les bâtiments. Pis, la défense aérienne américano-canadienne (Norad) a été placée en état d'alerte. Deux jours avant, un automobiliste a renversé volontairement deux soldats canadiens à Québec, dont l'un est décédé suite à ses blessures. Le lien avec l’annonce de la participation du Canada à la coalition pilotée par les Américains contre Daech est évident. Mais il faut chercher plus loin dans le temps les racines de cet événement. L’encouragement du fanatisme dans les milieux islamistes, par les services américains et ceux des autres pays occidentaux, et le soutien qui a été accordé aux plus extrémistes d’entre eux, commencés il y a plus de trente ans, dans le contexte de la guerre froide, a conduit à la dérive terroriste qui menace aujourd’hui tous les pays. Le Canada, à la réputation paisible, n’y a pas échappé. Il a suffi de l’annonce de la participation de ce pays à la coalition anti-Daech, pilotée par les Américains, pour que ses villes soient inscrites parmi les cibles du terrorisme, par ses propres ressortissants «djihadistes». Après l’attentat, on a entendu une phrase déjà prononcée dans les pays qui ont vécu les mêmes drames, et qui devient le leitmotiv rassurant de circonstance : «Le Canada ne cédera pas au terrorisme et à l'intimidation.» Tant que les pays occidentaux, et à leur tête les Etats-Unis, resteront fermés à la coopération internationale sincère exigée par la lutte antiterroriste et continueront leur jeu dangereux de la manipulation des groupes armés pour des raisons liées aux rivalités internationales et aux intérêts égoïstes, les terroristes auront encore de la marge pour évoluer, y compris pour frapper ceux qui les soutiennent.
K. M.
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