Immigration et délinquance en France : le document qui détruit les préjugés et stéréotypes

La chaîne de télévision France 2 a diffusé, dans la soirée de mardi, un documentaire en deux parties qui détruit de manière monumentale les préjugés longtemps colportés dans l’Hexagone sur une prétendue relation entre l’immigration et le phénomène de la délinquance. La tâche s’annonçait certes ardue en raison du discours entretenu des années durant par les tenants de la droite et de l’extrême droite française, mais, au final, les journalistes de la chaîne peuvent crier victoire. Non pas qu’ils aient réussi à déconstruire un stéréotype, une idée aussi fausse que reçue, celle selon laquelle l’immigration et la délinquance en France seraient liées, mais parce que la copie rendue constitue un document d’un professionnalisme bouleversant, s’appuyant seulement sur des faits. Un travail à faire rougir de colère un certain Zemmour, devenu la nouvelle égérie de la vague de droitisation qui s’installe dans un pays qui se cherche. L’enquête est présentée en deux parties. Dans la première, intitulée «L’enquête qui dérange», John Paul Lepers est arrivé à relativiser la portée de ces masses de chiffres que les hommes politiques en mal de démagogie électoraliste brandissent pour lyncher du migrant, considéré à l’origine de tous les maux de la nouvelle France. En comparant deux villes aux caractéristiques sociales semblables, Caen et Montbéliard, le journaliste se livre à une démonstration : détruire ce lien entretenu prétendument entre l’immigration et la délinquance. Ainsi, à Caen, où le pourcentage d’immigrés est presque trois fois inférieur à celui de Montbéliard, 5% contre 13,6%, le taux de délinquance s’avère exactement du même niveau. Par conséquent, toute corrélation avec l’implantation de populations immigrées est remise en cause. «La fabrique du préjugé» est le second volet de l’enquête à travers lequel le journaliste tente de disséquer les mécanismes qui sont à la racine des discriminations à l’aide des travaux de professeurs en psychologie sociale. Cette seconde partie nous propose un voyage dans les expériences qui sont à l’origine de la naissance des préjugés et autres stéréotypes racistes. L’enquête de France 2 constitue un document d’une valeur inestimable sur le plan de la lutte contre la stigmatisation à tort des migrants, mais aussi sur le plan journalistique proprement dit. Un vrai travail de professionnel qu’il faut saluer.
Amine Sadek