Statut du député : les relents d’une manœuvre politicienne

Les privilèges réclamés par les députés de l’Assemblée populaire nationale sont une nouvelle fois au centre d’une polémique dont les concernés eux-mêmes ne saisissent pas tous les tenants et les aboutissants. Ils craignent même que la remise sur le tapis d’une proposition de loi vieille de treize ans ait pour but de discréditer davantage «les élus du peuple» aux yeux de l’opinion publique dans une conjoncture politique marquée par des luttes intestines au sein de la majorité. Pour nombre d’observateurs, il n’est pas à exclure que les divisions qui minent le FLN, même au sein de l’APN, soient à l’origine de cette volonté d’utiliser les députés comme des boucs émissaires faciles à des fins politiciennes inavouées. Surtout que les députés n’ont souvent que peu d’arguments pour défendre leur probité politique ou se défendre de toute cupidité, pour avoir eux-mêmes fait, en 2001, cette proposition de loi conférant aux élus nationaux des privilèges matériels et sociaux qui frisent l’indécence. Le poste de député est depuis devenu, dans l’imaginaire collectif des Algériens, synonyme de gloutonnerie et d’opportunisme politique débridé. L’effacement total de ces élus dans le débat politique national et dans tous les événements majeurs qui ont secoué le pays ces quinze dernières années a consolidé cette image ancrée chez les Algériens. Mais qui peut être l’instigateur de cette annonce répercutée par les médias ? Ceux qui, au sein de la direction du FLN, cherchent à «déstabiliser» l’Assemblée pour en provoquer la dissolution et la tenue d’élections législatives anticipées ? Cette sortie a-t-elle un lien avec la dissidence déclarée par de nombreux députés du parti majoritaire qui ont organisé, il y a une semaine, un sit-in dans l’enceinte même de l’Assemblée pour contester la direction actuelle et son secrétaire général, Amar Saïdani ? Aucune hypothèse n’est à écarter. En tout état de cause, l’APN ne peut échapper aux manœuvres qui se trament derrière ses coulisses.
R. Mahmoudi