Après moi le déluge ?
Par Kamel Moulfi – La réunion, que l’on peut qualifier d’extraordinaire, du mini-Conseil des ministres, consacré à examiner les effets de la baisse des prix du pétrole, qui ne commenceront, en fait, à se faire réellement sentir qu'à partir de la mi-2015, a servi, de toute évidence, à préparer les ministres à appliquer une consigne visant à «rassurer», sous prétexte de ne pas créer la panique chez la population, ou, pire, par insouciance, fondée sur l’ignorance des réalités et le manque de prévisions. Ainsi, le cours du Brent menace de poursuivre sa tendance baissière sur le marché international, sous le seuil des 60 dollars le baril, mais le discours officiel des dirigeants de notre pays ne contient aucun signe de panique, bien que le ton laisse trahir les inquiétudes annonçant les rigueurs qui finiront par s’imposer fatalement. En effet, que constate-t-on en prenant connaissance des décisions prises par des ministres qui ne s’embarrassent pas des contradictions ? Abdelmadjid Tebboune affirme qu’il n’y aura plus d'importation de matériaux de construction, mais prétend en même temps que cette restriction n’aura aucun impact sur les programmes de construction de logements, Youcef Yousfi fait savoir que l’Algérie va augmenter la production d’hydrocarbures, et prévoit 64 milliards de recettes en 2014, alors que l'effondrement des prix s'il devait perdurer arrêterait la prospection. Le gouvernement compte sur l’agriculture pour assurer l’alternative face à la baisse des prix du pétrole. Pour cela, il faut de grands investissements coûteux que l’Etat engagera à grand renfort de dépenses publiques. Mais au moment où le ministre de l’Agriculture déclare que «la production locale couvre une bonne partie des besoins nationaux», la presse annonce une importation de pommes de terre. Au lieu de provoquer un sursaut salvateur et de pousser les Algériens à se remettre au travail, le pouvoir continue de lui vendre des rêves, des chimères, le temps pour lui de terminer le 4e mandat et… après moi le déluge !
K. M.
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