Une dérive voulue ?
Par Meriem Sassi – Les grandes entreprises publiques sont à la dérive. Mauvaise gestion, abus de biens sociaux et passe-droits en tous genres ont eu raison du passé honorable de ces grandes entreprises qui ont fait la fierté des Algériens et symbolisé le service public et la gestion pour le compte du peuple des biens communs et des richesses du pays. Les manquements à la gestion orthodoxe, devenus de plus en plus nombreux, ont été tolérés par les différentes tutelles politiques et administratives, et lorsque le vase a débordé et que les replâtrages n’ont pas suffi à cacher les scandales en cascade, on a à chaque fois décidé de mettre le premier responsable de telle ou telle entreprise sur la touche sans lui demander de comptes ni appliquer de sanctions pour pouvoir assainir la situation et remettre l’entreprise sur le chemin de la prospérité qu’elle a perdu. Hier, ce fut le cas de Mohand Laïd Mahloul qui, selon un communiqué du ministère de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, a été démis de ses fonctions et remplacé non pas par un nouveau responsable dûment nommé pour prendre en main, avec de véritables prérogatives, les destinées d’Algérie Poste, mais par un intérimaire en la personne du directeur du développement postal et des services financiers postaux. Mohand Laïd Mahloul avait été désigné directeur général d'Algérie Poste en 2011. Depuis quelques années, il était la cible d’attaques de la part des syndicats qui l’accusaient de manquements divers et de passe-droits recensés à longueur de communiqués envoyés aux médias. Grèves et menaces de débrayage ont été suivies de rumeurs persistantes du limogeage du DG, mais n’ont pas fait réellement bouger la tutelle jusqu'à ce fameux communiqué laconique d’Algérie Poste. Une façon de procéder déjà entreprise pour d’autres sociétés en charge du service public et des fleurons de l’industrie, et une réaction de colmatage qui laisse les problèmes réels en suspens, qui aggrave la situation de laisser-aller et de mauvaise gestion, entraînant au fil des ans les grandes entreprises algériennes vers leur perte. Jusqu’à quand et à quels desseins ?
M. S.
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