Révision de la Constitution : Bensalah accuse Saïdani et Ould Khelifa de «spéculations infondées»

Abdelkader Bensalah, qui est, faut-il le rappeler, le deuxième personnage de l’Etat, selon la Constitution, en tant que président du Sénat, et qui dirige en même temps le RND, un des partis forts du pouvoir, trouve qu’on en dit trop sur la révision de la Constitution en ce moment, et que ceux qui en parlent, et là il pense évidemment aux officiels, disent une chose et son contraire. Il vise, sans les nommer, le président de l’APN, Mohamed Laïd Ould Khelifa, et le secrétaire général du FLN, Amar Saïdani, qu’il accuse de se livrer à des «spéculations infondées». On ne sait pas si ces accusations, à lui, sont fondées, mais ses paroles n’étaient pas lancées en l’air, il les a prononcées en lisant son discours, aujourd’hui samedi, à Médéa, devant les élus locaux du RND, dans une rencontre régionale organisée en prévision du renouvellement partiel du Sénat. Abdelkader Bensalah laisse entendre que tout ce qui s’est dit par ces deux personnalités du pouvoir n’est que foutaises et ne repose sur rien, aussi bien concernant la date que le contenu de la révision de la Constitution. Sans doute pour montrer qu’il est le seul habilité à évoquer cette question, Abdelkader Bensalah rappelle que c’est lui qui a dirigé les premières consultations avant d’en être dessaisi, on ne sait pour quelle raison, d’ailleurs, au profit de son rival au sein du RND, Ahmed Ouyahia. Mais il ne manque pas de valoriser son œuvre en signalant que la mouture préparée à l’issue des consultations qu’il a menées en 2011 a donné lieu à des lois organiques. Au passage, il accorde une place dans ce processus au Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui fut chargé de contacter les partis pour la poursuite de la consultation dont l’approfondissement a été confié à Ahmed Ouyahia, précise-t-il. On peut penser que le but du président du Sénat en rappelant ces faits était de se donner le beau rôle dans ce long processus. En fait, en prenant définitivement acte du refus de l’opposition d’y prendre part, il annonce que la porte est maintenant fermée sur ces consultations. A plusieurs reprises, le pouvoir avait fait savoir aux partis de l’opposition qui avaient refusé de participer aux consultations sur la révision de la Constitution, ceux de la CLTD en particulier, que les portes leur étaient encore ouvertes pour apporter leur contribution. Cette fois, on devine que Bensalah a été chargé d’annoncer la fin de cette prolongation. Pour le reste, il n’en sait pas plus que Saïdani ou Ould Khelifa, seulement, à la différence, il fonde ses spéculations sur un des récents discours de Bouteflika pour émettre ses souhaits à propos du contenu de la révision de la Constitution. Quant à la date où ce document sera connu, comme ses deux collègues du pouvoir, il se limite à dire que ça se fera dans les prochains jours. Le discours d’Abdelkader Bensalah n’apporte rien de nouveau sur l’énigme de la révision de la Constitution. Il exprime, par contre, l’acuité des luttes au sommet entre les divers clans qui composent le pouvoir. Le président du Sénat en tant que premier responsable du RND veut jouer sa partition, lui aussi. Dans tout le méli-mélo que provoque le projet de révision de la Constitution, qui dit vrai, qui raconte des salades, qui propage des rumeurs, qui désinforme, qui manipule, personne ne le sait, et le pauvre Algérien qui a le malheur de s’intéresser à cette chose est complètement déboussolé.
Houari Achouri
 

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