Benflis : «Les déclarations de Sarkozy sur l’Algérie sont lamentables»

Ali Benflis, qui préside le nouveau parti Talaiou El-Houriyat, qualifie de «lamentables» les déclarations de Nicolas Sarkozy en Tunisie sur l’Algérie. Dans un entretien publié aujourd’hui par le journal français Le Nouvel Observateur, l’ex-candidat à la présidentielle de 2014 estime que «de la part d’un ancien chef d’Etat, président d'un grand parti politique, on était en droit d'attendre un plus grand sens de la mesure, une plus grande justesse dans le jugement et une plus grande finesse dans la réflexion et l'analyse». Ali Benflis souligne que les problèmes que vit l’Algérie sont du ressort des Algériens et doivent être traités en interne. «Le sujet est trop sérieux pour être traité avec cette ironie déplacée et cette désinvolture qui déprécie d'abord et surtout l'auteur des propos tenus sur l'Algérie de manière si peu courtoise et inamicale», dénonce-t-il, affirmant qu’il a bien pesé ses mots. Invité en Tunisie, l’ancien président français avait ironisé, au début du mois en cours, sur la situation de l’Algérie en disant aux Tunisiens : «Vous n’avez pas choisi d’être ici, entre la Libye et l’Algérie.» Il a poursuivi en estimant que le «cas de l’Algérie» devait être traité dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée (UPM), une organisation mort-née créée à l’initiative de Sarkozy quand il était président de la France. Ses déclarations ont soulevé un tollé en Algérie et de vives réactions de protestations exprimées notamment par le MAE, Ramtane Lamamra. Ce dernier avait, en effet, qualifié les propos de Sarkozy de «malvenus». Le président de Talaiou El-Houriyat s’est, par ailleurs, exprimé sur les derniers changements opérés au sein de plusieurs institutions de l’Etat, civiles et militaires. L'ancien chef de gouvernement, qui connaît bien le fonctionnement de l’Etat, considère que théoriquement tout pouvoir politique a le droit d'opérer les changements qu'il souhaite en vue d'appliquer sa politique. Mais dans le cas de l’Algérie, il estime que cette règle ne vaut que dans les situations normales. Or, notre pays n'est pas dans une situation politique normale ! «Le monde entier sait que notre pays souffre d'une vacance au sommet de l'Etat. Que du fait de cette vacance du pouvoir, toutes les institutions et même l’administration publique sont dans un état de quasi cessation d'activité et que toutes nos institutions, de la base au sommet, pâtissent lourdement d'un manque de légitimité», relève celui qui milite pour «le retour à la légitimité des urnes». «Par l’ampleur des changements de personnels civils et militaires qu'il vient de décider, le régime politique en place veut frapper les esprits. Il veut créer chez nos concitoyens la fausse impression qu'il y a du mouvement alors que nous savons tous que le pays fait face à une impasse très préoccupante. Il veut faire croire par cet artifice du changement de personnels qu'il y a toujours un maître à bord, qu'il y a un cap et une carte de navigation, alors que tous les Algériens savent qu'il n'en est absolument rien», souligne-t-il non sans inquiétude. Interrogé sur les derniers attentats terroristes, notamment celui de Aïn Defla qui s’est soldé par l’assassinat de 14 soldats de l’ANP, Ali Benflis estime que, contre le terrorisme, la riposte sécuritaire ne suffit pas. «Il nous faut un front intérieur, une ligne et une direction politiques claires qui incitent les Algériens à la vigilance et à la mobilisation, qui convainquent la population qu'elle est partie prenante de cette lutte contre le terrorisme», plaide-t-il, appelant à une véritable riposte politique contre ce fléau transnational.
Rafik Meddour
 

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