Messahel : «Le terrorisme se finance à travers les paradis fiscaux»

Les attentats meurtriers de Paris relancent le débat sur l’approche la mieux adaptée à la lutte contre l’hydre terroriste. L’Algérie, qui dispose d’une très longue expérience dans ce domaine, milite pour une approche globale sous l’égide de l’ONU tant la menace terroriste est planétaire. Ainsi, le ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel, affirme que l’Algérie œuvre à la déradicalisation afin de réduire le risque d’un basculement vers les opérations armées. Pour bien faire entendre sa voix, l’Algérie, annonce-t-il, va accueillir, au début de 2016, deux conférences internationales. S’exprimant aujourd’hui sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, Abdelkader Messahel a précisé que ces deux conférences porteront sur la lutte contre le terrorisme et la déradicalisation. Ces deux rencontres, qui réuniront des experts et spécialistes de haut niveau dans le domaine, sont prévues dans le cadre de la vulgarisation de l’expérience de l’Algérie sur la déradicalisation et la lutte antiterroriste, dans le cadre du Forum global de lutte contre le terrorisme. Membre fondateur et initiateur de ce forum, l’Algérie, explique le ministre, vise par ces conférences à accentuer la lutte contre l’usage des réseaux sociaux à des fins de propagande et d’enrôlement au terrorisme. Il appelle la communauté internationale et les Nations unies à s’organiser «pour gérer au mieux ces réseaux sociaux qui doivent être au service de la paix, de l’humanité et non pas un vecteur de destruction massive de la population». Messahel estime qu’il est du devoir de la communauté internationale de «prendre des mesures et de codifier les règles d’utilisation des moyens des technologies de l’information afin d’en contrôler l’utilisation». Il est pour lui impératif qu’il y ait des moyens qui peuvent «concilier le sécuritaire avec les libertés». Le ministre revient sur la criminalisation de la rançon qui mérite, selon lui, d’être soutenue et appuyée par la communauté internationale. Lutter contre le terrorisme, c’est aussi assécher ses sources de financement et la rançon constitue l’une de ses sources de financement. «Il va falloir prendre des mesures internationales pour sanctionner ceux qui payent les rançons, il s’agit aussi de la question du trafic de drogue et du crime organisé.» Le ministre a mentionné des rapports de l’ONU qui relèvent que le trafic de drogue à lui seul rapporte plus d’un milliard de dollars aux groupes terroristes et aux narcotrafiquants dans la région du Sahel. Il indique que le terrorisme se finance également par des «sources occultes» que sont les paradis fiscaux et certaines sociétés caritatives. Pour face aux financements occultes, le ministre appelle à la tenue d’une conférence internationale qui permettra la mise en place d’un protocole additionnel onusien qui «prendra en charge cette question et faire en sorte que ça soit criminalisé». «Le terrorisme est devenu une menace globale contre la paix et la sécurité, et il nécessite une riposte globale», a-t-il insisté, rappelant que «l’Algérie est fortement impliquée depuis de longues années dans la mobilisation internationale pour faire face à ce phénomène, nourri également par le discours radical qui est prôné un peu partout».
Rafik Meddour
 

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