Les martiennes
Chaque 8 mars, nous sommes envahies par un sentiment bizarre ; nous nous sentons fortes, belles, libres et marchons avec fierté comme jamais dans la rue, en narguant exprès nos compatriotes masculins. Chaque 8 mars, nous nous disons que, cette fois-ci, nous ne ferons pas comme tout le monde, car ce n'est pas un seul jour qui nous représente et nous ne voulons pas ressembler à toutes ces femmes qui marchent en groupe, bien maquillées, bien habillées, souriantes… Et pourtant ! Ce jour-là, nous aurons toutes un point commun : nos pieds finiront par nous entraîner vers cette petite boutique de roses, ou vers ce petit restaurant sympa, ou encore, pour les plus en forme d’entre nous, cette sacrée Coupole pleine à craquer [où se tient un gala]. Et nous sommes même très tristes si notre entourage omet de nous souhaiter une bonne fête. C'est hallucinant ! Pourquoi sommes-nous prises par une frénésie le 8 mars ? La réponse est peut-être dans nos émotions les plus profondes.
La femme algérienne est une mère, une sœur, une épouse, une flamme qui fait vivre un espoir, une personne dotée de conviction intime ; celle d'une réalité ultime que seule la pureté anime et qui est ornée d'émotions ô combien sublimes.
Cette femme est très consciente de ce qui l'entoure. Elle vit au rythme de ses espoirs, mais elle observe et réagit sans vouloir décevoir. Pendant 364 jours, elle se met en apnée, rien que pour imaginer un jour la vérité, le bonheur, effleurer la fragilité de ses pensées. Elle attend un jour pour interagir, sans condition aucune, avec un environnement, hélas !, entaché d'affreuses lacunes. Elle est souvent là à dessiner sous l'emprise d'un cœur arable, telle une faible créature à la merci d'êtres imparables. Elle se dit : «Comment me battre face à une Terre fébrile, dopée par des êtres aux esprits stériles ?»
Mais cette femme est un emblème, une guerrière à la frappe fracassante, une étoile à l'éclat éblouissant, une princesse aux étreintes profondes. A défaut, sa plume a souvent été son sauveur, pour exprimer ses joies, mais aussi ses craintes et son désarroi.
Cette femme poursuivra sans doute son destin, avec un esprit plein d'espoir pour demain, en gardant la foi tout au long de son chemin.
Le 8 mars, nous sommes toutes martiennes.
Bonne fête à nous !
Simabelle