Tabac : le professeur Nibouche tire la sonnette d’alarme
Le tabagisme fait des ravages en Algérie. Une moyenne de 45 personnes meurent chaque jour à cause du tabac. En tout, 15 000 personnes sont tuées chaque année par la cigarette. A cela s’ajoute le fait que 35% des cancers sont dus au tabagisme, sans compter les maladies cardiovasculaires qui touchent une population de plus en plus jeune. C’est là le constat alarmant du professeur Djamel Eddine Nibouche, chef du service de cardiologie à l’hôpital Nafissa-Hamoud d’Alger (ex-hôpital Parnet, Hussein Dey). Intervenant aujourd’hui sur les ondes de la Chaîne III, le Pr Nibouche prévient sur les dégâts du tabac qui seront encore plus importants à l’avenir. En 2030, avec une population de 50 000 habitants, l’Algérie risque d’enregistrer 2 millions de morts à cause du tabac. Citant les chiffres de l’Organisation mondiale de la Santé, le professeur Nibouche estime qu’il faut une «nouvelle politique de lutte contre le tabac». Pour lui, il est anormal que la cigarette soit aussi facile d’accès. «On commence à consommer le tabac dès l’âge de 15 ans en Algérie. C’est un problème majeur qu’il faut vite prendre en charge», a-t-il relevé. Si l’on fume très jeune, c’est parce qu’on trouve la cigarette à portée de main. «Le tabac est là, partout à la portée de tout le monde, à la portée même des enfants», a-t-il souligné, qualifiant cet accès facile au tabac de «criminel». La sensibilisation est importante. Le professeur Nibouche relève, en se basant sur les données de l’OMS, que 20% des jeunes fumeurs ont été répertoriés en milieu scolaire. Il y a aussi 40% de jeunes victimes de tabagisme passif et 70% des adolescents sont en cours des méfaits du tabac. «C’est donc de l’autodestruction. On sait qu’il est nocif pour la santé mais on y va et on le consomme, parce que le côté le plus fort reste le côté psychologique. Fumer une cigarette, c’est s’affirmer… D’où la nécessité d’un travail psychologique et de sensibilisation», a-t-il relevé. Il appelle les pouvoirs publics à réprimer pénalement la vente de tabac aux mineurs. Il relève, aussi, que le tabagisme est en train de prendre de l’ampleur parmi les femmes. Il considère que surtaxer le tabac n’est pas une solution. C’est pour lui de la bêtise humaine parce qu’on n’autorise pas la vente du tabac partout et facilement et par la suite on le surtaxe pour lutter contre ses méfaits. Le professeur Nibouche suggère ainsi la mise en place d’un Plan national anti-tabac, à l’exemple de celui institué pour mener la lutte contre le cancer, mais aussi la création de services de sevrage tabagique et la formation de médecins spécialisés en tabacologie chargés de les animer. Pour ce professeur, la lutte contre le tabac doit prendre en compte des aspects pluridisciplinaires dont celui de l’éducation de la société. Il est, d’après lui, urgent de le faire car durant les prochaines années le nombre de victimes du tabac va doubler.
Sonia Baker